Médecins sans frontières (MSF) s’est alarmé aujourd’hui d’une hausse des violences contre les migrants clandestins, dans un rapport publié au moment où l’ONG s’apprête à quitter le Maroc après avoir jugé sa mission d’assistance médicale inadaptée à la situation sur le terrain. « La violence est une réalité quotidienne (…) pour la majorité des migrants subsahariens se trouvant au Maroc », déplore MSF dans ce rapport d’une quarantaine de pages, le premier en huit ans, intitulé « Violences, vulnérabilité et migration: bloqués aux portes de l’Europe ».
« Une recrudescence importante des abus » a été constatée en 2012, ajoute l’ONG, qui accuse les forces de sécurité marocaines et espagnoles et appelle Rabat et Madrid à « prendre des mesures drastiques de façon immédiate » afin de mettre un terme à la « violence institutionnelle généralisée ». MSF met aussi en avant la responsabilité de l’UE en constatant que, depuis dix ans, Bruxelles a « durci ses contrôles aux frontières et externalisé de plus en plus sa politique migratoire ». D’un « pays de transit », le Maroc est aussi devenu « un pays de destination par défaut », relève ainsi l’ONG.
Selon des associations locales, de 20.000 à 25.000 clandestins originaires du sud du Sahara se trouvaient fin 2012 sur le sol marocain, dans l’hypothétique espoir d’un passage en Espagne, le pays voisin. Or, d’après MSF, « l’expérience démontre que plus le séjour des migrants subsahariens se prolonge au Maroc et plus leur vulnérabilité augmente ». Présente depuis 1997, l’ONG publie ce document au moment où elle est sur le point de quitter le royaume chérifien, conformément à une décision prise il y a déjà plus d’un an, selon son coordinateur David Cantero. « Cela peut paraître contradictoire. Mais nous avons constaté que le travail qui nous était demandé ici n’était pas celui d’une ONG médicale. Nous ne sommes pas une association de défense des droits de l’Homme, même si nous pouvons dénoncer des violations », a-t-il expliqué. « Pour la stricte question de l’accès aux soins, les choses se sont améliorées et nous avons tout fait pour assurer une passation (avec des ONG locales, ndlr). Nous n’abandonnons pas les populations », a assuré M. Cantero.
afp