50ème Anniversaire de la mort du héros de la révolution du Rif, Abdelkrim El Khattabi

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Notre peuple a commémoré,  le 6 février 2013, le 50ème anniversaire de la disparition du héros de la révolution du Rif, Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi.
C’est une occasion d’honorer l’esprit d’indépendance de cette figure emblématique de l’histoire du Rif.
Abdelkrim El Khattabi a lutté, jusqu’à la fin de sa vie, pour la libération de l’Afrique du Nord.

Combattant souvent victorieux, Abdelkrim El Khattabi (Moulay Mohand) avait l’art de monter des coups contre le colonialisme espagnol. Il était l’exemple à suivre, tant par ses méthodes que par son esprit.

Que sa mèmoire repose en paix.

« Abdelkrim et la guerre du Rif, » écrit et réalisé par le professeur Daniel Cling, produit par Iskra-ARTE, France-Real productions et Cinemaat productions, retraçant la résistance héroique de Abdel Karim Al Khatabi à la tête des tribus amazighs (imazighen) de la région du Rif, au nord du Maroc, contre les forces coloniales espagnoles dirigées par Franco puis françaises conduites par Lyautey puis Pétain.

De formation juriste, Mohamed Ben Abdelkrim Khattabi était aussi un des premiers journalistes marocains. L’Espagne s’était agenouillée devant lui, en perdant entre 15 à 20 000 victimes dans la bataille d’Anoual, le 22 juin 1921. Etant acquis à la sagesse de ces aïeux, la bataille que les forces colonialistes hispaniques lui avaient imposée n’était pas sa tasse de thé, il voulait l’indépendance de son pays Berbère sans plus. Toutefois, héros qu’il était ne s’en démord pas, il était un véritable stratège militaire, tacticien.

Mohamed Ben Abdelkrim Khattabi naquit vers 1882 chez les Aït Khattab, fraction des Beni Ouriaghel, une des tribus les plus puissantes, les plus belliqueuses du Rif central, où sa famille possédait une forte influence. Après des études traditionnelles à Ajdir, Tétouan et Fès, il s’installa en 1906 à Melilla où il avait travaillé en tant que rédacteur du journal « Telegrama del Rif ». Abdelkrim maniait le verbe et la plume avec un grand talent. Quelle perfection ! Une tradition chez les berbères de haute culture.

Devant l’injustice du colonialisme exercée sur le peuple berbère, il se souleva avec une armée de montagnards rifains acquis à la cause légitime. Il avait institué une république qui fut malheureusement éphémère, avec un « makhzen » (gouvernement central) basé sur un mélange de traits traditionnels et modernes. C’était la « République confédérée des tribus du Rif » qui avait duré de 1921 à 1926. Son pouvoir institué et renforcé, abdelkrim élargit son champ d’action à tout le Rif, qu’il proclama république. Ce choix politique attira la sympathie des européens, en découvrant les traditions démocratiques berbères. En 1923, il demanda au Parlement français de plaider en faveur de la « Renaissance nationale » du Rif. Il signa des protocoles d’accords diplomatiques et de coopérations avec les Britanniques pour des échanges commerciaux, notamment les richesses minières de la région de Tanger. Par ailleurs, il demanda l’aide du Komintern et du Parti communiste français. Les pays du Proche Orient et africains l’avaient aidé également.

La déclaration d’une république indépendante du Rif, à l’intérieur des frontières nationales du royaume chérifien avait discrédité l’autorité du souverain. Il voyait une menace sur la zone du protectorat français, d’où d’inévitables accrochages auraient eu lieu avec les forces colonialistes françaises.

C’était une période de l’histoire qui avait annoncé la libération de tous les territoires marocains Les pays sous le joug colonialiste n’avaient de yeux que pour Abdelkrim, ce veilleur de consciences des opprimés. L’Espagne désavouée par la défaite de ses troupes à la bataille d’Anoual était sur le point d’évacuer le territoire, quand le Maréchal Lyautey l’encouragea d’y rester et de mater Abdelekrim. Ils signèrent une alliance en adoptant une stratégie commune. Les deux puissances militaires, l’Espagne et la France colonialistes avaient assemblé près de 500 000 soldats, tous corps confondus, une quarantaine de généraux, dont le général Philippe Pétain et une dizaine d’escadrille aérienne.

Selon les témoignages de l’époque, l’aviation espagnole aurait utilisé en 1925 et 1926, un gaz expérimental meurtrier baptisé « Lust » par ses concepteurs allemands. Abdelkrim avait subséquemment essayé d’alerter la Croix rouge internationale sur l’utilisation de gaz toxiques contraire à la légalité internationale.

Arrêté le 27 mai 1926, le républicain berbère fut déporté le 27 août de la même année dans l’Ile de la Réunion. Où il y passa une vingtaine d’années de solitude et de privation, loin des siens et de ses montagnes rifaines. En 1946, il réussit à s’échapper de la prison en soudoyant ses geôliers. Il rejoint l’Egypte le 31 mai 1947 et s’installa au Caire dans sa résidence de Koubbeh Garden. De là, il continua de diriger la lutte contre les armées colonialistes en Afrique du Nord. Toutes les personnalités politiques de cette époque lui rendaient visite et demandaient ses conseils. Avec Bourguiba et les leaders nationalistes marocains AbdelKhaleq Torres et Allal el-Fassi, il fonda, le 9 décembre 1947 un Comité de libération dont il était président à vie. Le 5 janvier 1948, Abdelkrim lança un manifeste paraphé par les représentants des partis politiques nord-africains. Le manifeste exhorta la lutte pour libérer l’Afrique du Nord du colonialisme. « Il refuse obstinément de rentrer au Maroc tant que le dernier soldat étranger n’en est pas sorti et que l’Algérie voisine n’est pas libre. »

Mais AbdelKrim, vieilli, opposé à la monarchie marocaine, ne pouvait entretenir autour de lui l’union des chefs nationalistes Nord africains. Le 4 mai 1956, il affirme encore « Nous n’acceptons pas de solution de compromis en Algérie, au Maroc ou en Tunisie. Nous voulons l’indépendance totale. »

Il meurt le 6 février 1963 à l’âge de 81 ans. Même devenu un mythe, voire un tabou pour certains marocains, son parcours historique, sa vaillance, son abnégation ne seront oublié par l’histoire de tous les berbères de l’Afrique du Nord.

Il faut dire les mauvaises langues le considèrent comme un « rebelle fanatique et ignorant, xénophobe et ne représentant que des aspirations tribales parées d’oripeaux démocratiques » d’autres « le Mustapha Kemal de l’Afrique du Nord qui aurait pu faire d’Ajdir, l’Ankara de l’Ouest ». Il y’en a même qui vont jusqu’à dire « qu’il ne représente que le vieux Maroc des tribus et qu’il est avant tout un homme du passé, un  » primitif  » de la révolte. » D’autres, plus rationnels en considérant son apport nouveau dans les annales politico-religieuses de l’Afrique du Nord, révèlent que « Abdelkrim avait généré un nationalisme arabo-berbère militant, à la lumière de la modernité et d’un islam révisé, adapté aux exigences de l’heure, dans un environnement purement berbère. »

Djamel Abd An-Nasser, le président égyptien lui avaient organisé des obsèques nationales. Quant au royaume marocain, son décès passa inaperçu, juste s’il y avait un entre-filet dans une gazette. Mais n’empêche, le jeune roi Mohammed VI, lors de sa visite dans la région de Tanger, en octobre 1999 a tenu à donner une poignée de mains à Saïd el Khattabi, le fils de Abelkrim.

Et laissant à l’histoire de continuer son petit bonhomme de chemin. La guerre du Rif servira de modèle aux mouvements de lutte pour l’indépendance d’autres pays colonisés. Dans une autre partie du monde, en extrême orient, au Vietnam plus exactement le héros de la bataille Dien Bien Phu (1953-1954, soit 169 jours), en l’occurrence Hô Chi Minh, magnifia AbdelKrim le « précurseur » de la guerre anti-colonialiste.

Nacer Boudjou
Article d’archive


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