Ahed al-Tamimi ou quand le Courage d’une enfant palestinienne devient un chef d’accusation

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Ahed al-Tamimi, la jeune Palestinienne de 16 ans, lauréate du prix Handhala du Courage, est détenue, pour la deuxième journée consécutive, par les autorités israéliennes.

Les autorités israéliennes l’ont arrêté, dans la nuit de lundi à mardi, dans la localité de Nabi Saleh, à l’ouest de Ramallah, dans le centre de la Cisjordanie occupée.

Un activiste des Comités de résistance populaire, Hilmi Al-Tamimi, a déclaré au correspondant d’Anadolu qu’une unité militaire israélienne a pris d’assaut le domicile d’Ahed, avant de l’arrêter et de la mener vers une destination inconnue.

Le motif de l’arrestation de la jeune fille n’a pas initialement été déterminé. Mais des médias israéliens avaient diffusé lundi des images de la jeune fille en train de chasser des soldats israéliens devant sa maison.

L’armée israélienne n’a pas seulement arrêté Ahed, mais sa mère Nariman aussi plus tard dans la journée du mardi, puis sa cousine Nour mercredi à l’aube.

En relatant au correspondant d’Anadolu les récits de l’arrestation de sa fille, de son épouse et de sa nièce, Bassem al-Tamimi, a livré un témoignage poignant du quotidien de milliers de familles habitant l Cisjordanie et vivant sous l’occupation.

La mère, qui est allée chercher sa fille auprès des ses ravisseurs israéliens, dans le centre de détention Benyamin, à l’est de Ramallah, a fini elle aussi derrière les barreaux.

Nariman en a l’habitude ; elle été arrêtée à cinq reprises et a été plusieurs fois tabassée et blessée. La dernière fois, le 20 novembre 2014, les soldats israéliens lui ont tiré à balles réelles dans la cuisse, et abattu son frère lors de la marche hebdomadaire à Nabi Saleh.

«Ahed n’a pas agressé les soldats, ce sont eux qui nous agressent par leur présence dans la ville et chez moi», a lancé le père affligé, fustigeant la campagne mensongère lancée par les médias israéliens pour justifier l’arrestation de son enfant.

«Je vois que c’est le visage du soldat israélien qui a giflé la main de ma fille», a déclaré al-Tamimi.

«Quelques minutes avant cela, un enfant a été blessé par balles par l’armée israélienne dans la ville, c’était une réaction tout à fait normale de la part des enfants de pourchasser les soldats israéliens », a-t-il expliqué.

Ahed et Nour participent régulièrement à des marches et à des manifestations contre la colonisation et contre le mur de séparation.

Le prix Handhala du Courage avait été décerné en 2012 à Ahed al-Tamimi par la municipalité de Başakşehir à Istanbul, pour la bravoure dont elle a fait preuve, face à l’armée israélienne.

La jeune Palestinienne avait, à l’époque, rencontré le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan (le président actuel) et son épouse.

Après s’être ainsi attribué l’appréciation du gouvernement turc, la jeune fille s’est attirée la colère du gouvernement israélien et c’est le ministre israélien de la Défense Agvigdor Liberman qui s’en est pris, mardi, à la jeune fille, proférant ses menaces contre sa famille et tout son entourage.

«Lieberman et son armée ne nous décourageront pas», a martelé al-Tamimi.

«Ce que font les enfants de ma ville et mon enfant est normal. Ce qui ne serait, par contre, pas normal c’est de vivre sous l’occupation et de ne pas résister», a-t-il avisé.

La Résistance, qu’exerce Ahed, depuis son jeune âge n’est pas un choix, mais un devoir pour elle et pour toute la famille al-Tamimi, comme pour toutes les familles palestiniennes dans la Cisjordanie occupée.

Tout en étant « fier » de sa fille, le père entretient lui aussi une longue histoire avec l’armée et la police de l’occupation. Onze arrestations, de lourds supplices dans les geôles israéliennes, des comas sous l’effet des coups, des plaies et des blessures… les antécédents d’al-Tamimi avec l’occupant sont loin de s’arrêter, lui qui voit sa femme et ses enfants subir les mêmes agissements.

Les deux frères de Ahed ont, eux aussi, été, et à plusieurs reprises, la cible des coups et de représailles de l’armée israélienne.

«Tard dans la nuit, nous nous sommes réveillés avec des dizaines de soldats autour et à l’intérieur de la maison», a raconté Mohammed, le petit frère de Ahed.

«Ils avaient des soldats femmes avec eux qui sont entrées. Elles ont cherché Ahed et l’ont immédiatement arrêtée », a ajouté l’enfant.

« Ma mère a essayé de les empêcher, mais ils nous ont battus et empêchés de filmer et détruit les meubles de la maison », a poursuivi le jeune garçon, qui a pris l’habitude d’accompagner Ahed dans toutes les marches hebdomadaires.

«Tous les enfants participent aux marches, l’armée nous traite brutalement, et ils nous lancent du gaz, nous battent avec des bâtons, nous ciblent avec des balles en caoutchouc et même avec des balles réelles », a renchéri le jeune Résistant.

« Je me suis cassé les mains une fois pendant les marches, et pourtant je vais continuer la résistance et défendre notre terre », a-t-il insisté.

La famille al-Tamimi est l’une des familles palestiniennes les plus importantes de Cisjordanie, lesquelles ont transmis les principes de la Résistance de père en fils et de mère en fille.

L’armée israélienne utilise souvent des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc, des eaux usées et des balles réelles pour disperser les rassemblements hebdomadaires qui commencent souvent après la Grande Prière hebdomadaire, dans les localités de Ni’lin, Bil’in et Nabi Saleh, à l’ouest de Ramallah (dans le centre de la Cisjordanie), à Kafr Kadoum, à l’ouest de Naplouse (dans le nord de la Cisjordanie) et à Maasara, à l’ouest de Bethléem (dans le sud de la Cisjordanie).

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