Écologie : Non aux navires-poubelles des pays européens

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L’arrivée, ce 28 juin, à Jorf Lasfar d’un navire en provenance d’Italie chargé de 2500 tonnes de déchets met en lumière un problème récurrent alors que le Maroc se prépare à l’organisation de la COP 22 en novembre et s’engage dans une politique de plus en plus active en faveur des enjeux écologiques et environnementaux.

Alors que le Maroc se prépare à supprimer toute utilisation des sacs plastiques avec l’entrée en vigueur de la loi le 1er juillet, qui a présidé au lancement de la vaste opération nationale “Zéro Mica”, et qu’il se prépare par ailleurs à accueillir en grandes pompes la conférence des Nations-Unies sur le climat, la COP 22, en novembre prochain, des associations pour la protection environnementale dénoncent avec force l’arrivée au port de Jorf Lasfar d’un navire en provenance d’Italie chargé de 2500 tonnes de déchets. Un bateau chargé de matières plastiques, de caoutchouc et de pneus usagers qui, transportées à Casablanca et à Settat ce 28 juin, ont été acheminées là pour être brûlées dans des usines de ciment.

Se refuser à devenir la “poubelle” de pays étrangers…

C’est un communiqué public du Centre régional de l’environnement et du développement durable d’El Jadida qui a lancé l’alerte en condamnant avec virulence “cette expédition de déchets” qu’il considère comme dangereux et toxiques”, et donc de nature à provoquer “des dommages humains et environnementaux” susceptibles d’entraîner “l’émergence de nombreuses maladies graves et chroniques, ainsi que des anomalies congénitales et des incapacités permanentes”. Si l’association est montée au créneau de la sorte, c’est que, selon les déclarations de son président, M. Mohamed Khalidi, “cet incident n’est pas le premier du genre”. Derrière cette réalité, se cache le fait que le Maroc semble, aux yeux de certains pays européens, une destination idéale, parce que pratique et peu coûteuse pour se débarrasser des déchets indésirables sur leur sol. “Un certain nombre d’associations ont déjà eu à faire à d’autres expéditions de caoutchouc et de pneus usagés, provenant de l’un des pays européens, afin de les brûler dans une usine de ciment au Maroc”, ajoute M. Khalidi, dont la lutte est motivée par le désir d’éviter que l’on ne transforme le pays en “cimetière de déchets”.

C’est en ce sens qu’il a demandé instamment aux autorités de “mettre fin à de tels comportements et de punir toute personne ayant l’intention d’importer des substances toxiques au Maroc pour les brûler et polluer l’environnement”. Mais c’est l’opinion publique qu’il souhaite également mobiliser sur des questions auxquelles les Marocains semblent se montrer aujourd’hui de plus en plus sensibles. Il a ainsi précisé qu’une manifestation aurait lieu d’ici la fin de cette semaine, dans le but d’attirer l’attention des responsables au niveau local, régional et national, sur l’importance de ces batailles liées aux enjeux écologiques. Face à l’aggravation notable des problèmes de pollution et aux préoccupations liées à la dégradation du climat, chaque action s’inscrit dans cette volonté politique nouvellement affichée de vouloir préserver l’environnement de vie des générations futures.

13e8fa02577e705628b3a4d82b5e0673Quelques aspects de la toxicologie des déchets.

Les déchets peuvent être toxiques de plusieurs manières : soit directement, soit à la suite d’une réaction physique ou chimique avec d’autres substances avec lesquelles ils sont en contact à un moment ou à un autre de leur élimination, traitement ou stockage, soit par leurs métabolites ou les produits de leur dégradation, par exemple, au cours des fermentations (méthane, phosphures), ou de leur combustion (dioxines). Les déchets peuvent donner lieu soit à des intoxications qui seront le plus souvent, au moins dans nos pays évolués*, des maladies professionnelles, soit à des problèmes d’écotoxicologie.

C’est moins vrai dans certains pays pauvres où toute une frange de la population extrêmement pauvre et des enfants, vit des et sur les décharges d’ordures. Pas question de parler de maladies professionnelles pour ces personnes constamment exposées. Toutefois et sans cynisme aucun, force est de dire que leurs maigres chances de survie sont hypothéquées, décharges ou pas.

Parmi les substances auxquelles les travailleurs sont les plus fréquemment exposés au contact des déchets, il y a d’abord les poussières. Certaines sont potentiellement dangereuses parce qu’elles contiennent de l’amiante, des fibres céramiques, des cendres, des particules imbrûlées, etc. Elles seront d’autant plus dangereuses qu’elles seront de très petite taille (inf. à 0.5 micromètre) et plus susceptibles d’atteindre les alvéoles pulmonaires. Mais quelles que soient leurs tailles, les poussières sont toujours susceptibles de provoquer des maladies respiratoires chroniques, des manifestations inflammatoires, des allergies, etc. En outre, les poussières, particulièrement celles qui sont issues des matières fermentescibles, sont parfaitement capables de transporter, parfois très loin, des bactéries ou divers autres microorganismes viraux ou fongiques pathogènes.

Les autres substances issues des déchets sont principalement des métaux : cadmium, mercure, plomb, thallium, arsenic, bore, aluminium, chrome, manganèse, nickel, cobalt, vanadium, zinc.


On trouve aussi, et en particulier autour des usines d’incinération, différents gaz comme l’anhydride sulfureux et l’anhydride sulfurique, le monoxyde de carbone, des oxydes d’azote, du chlorure d’hydrogène, du fluorure d’hydrogène, des dioxines et des furanes, divers composés organiques volatils surtout issus de combustions incomplètes (hydrocarbures cycliques, aromatiques, alcanes, alcènes, aldéhydes, cétones, acides, HAP, etc.), des phénols, des cyanures, etc.

Enfin l’exposition à une quantité phénoménale de substances suspectées d’être reprotoxiques est constante autour des déchets. Ce sont en premier lieu les pesticides, mais aussi les hormones de synthèse et de très nombreux autres perturbateurs endocriniens.

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