D’une valeur de plus de 400 millions de DH, un terrain, stratégiquement positionné dans la région de Nador, est destiné à accueillir des projets socio-économiques. Or, il a failli tomber entre les mains de la mafia du foncier.
Les biens de colons espagnols, situés à Nador et ses régions, sont l’objet de convoitise des mafias spécialisées dans la spoliation immobilière. «Ces mafias se composent d’informateurs travaillant dans le consulat espagnol de la ville, d’avocats et de fonctionnaires de la justice», rapporte Assabah dans son numéro de ce mardi 31 mai. Ces mafias travaillent en collaboration avec des intermédiaires et courtiers en immobilier et des fonctionnaires de l’administration publique.
L’une de ces mafias a fini par s’intéresser à un terrain supervisé par l’Agence pour l’aménagement de la lagune de Marchika. «Des projets de plusieurs dizaines de millions de DH y sont prévus. Ils ont pour objectif de créer des activités de substitution au trafic de drogue et à la contrebande», précise le journal. L’opération de vente, conduite par un haut responsable à Rabat, a immédiatement été stoppée. D’une valeur de plus de 400 millions de DH, le terrain bénéficie d’un positionnement stratégique. Et ceux qui ont tenté de le reprendre comptaient le convertir en projets immobiliers.
Le mode opératoire de cette organisation est assez bien rodé. Les informateurs ont pour mission d’effectuer des recherches dans les archives, les documents, les titres fonciers et les anciennes ventes. Ces documents sont ensuite livrés aux autres membres de la mafia qui prennent contact avec les descendants des propriétaires, l’idée étant de leur racheter les terrains de leurs aïeuls avec des contrats comportant des dates antérieures à celles auxquelles l’Etat a mis la main sur ces biens.
Les nouveaux propriétaires s’occupent ensuite des formalités pour titrer et enregistrer les parcelles à leurs noms, avant de rapidement les revendre. Les tribunaux de Nador regorgent d’affaires et de dossiers issus de plaintes déposées par des citoyens et organismes de l’Etat, accompagnées de documents, titres et rapports de commissions provinciales. Les plaignants réclament, pour la plupart, l’ouverture d’enquêtes sur des spoliations dont ils se disent victimes. «Leurs terrains ont été vendus via des actes de vente falsifiés à Melilia», précise le journal.
Selon les sources du quotidien, des centaines d’hectares ont ainsi été vendues à l’insu de leurs véritables propriétaires. Les régions de Farkhana et Beni Ansar sont des terrains de chasse privilégiés pour ces mafias. Les parcelles des colons rentrés dans leurs pays, au lendemain de l’indépendance ont été récupérées par l’Etat. Aujourd’hui, elles ont de nouveaux propriétaires.