Les autorités marocaines ont été très silencieuses ces derniers temps au sujet de l’avenir du transport maritime des passagers. Tout ce que l’on savait jusqu’à récemment concernait la préparation d’une étude stratégique pour le développement du pavillon marocain, d’ailleurs bouclée. Il y a un mois, circulait la rumeur de pourparlers entre le ministère de tutelle et un grand groupe bancaire de la place pour la mise en place d’une nouvelle compagnie. Aujourd’hui, le dossier semble bien avancé. Une convention aurait été signée et une société créée, avec dans son tour de table des Grecs.

Le Maroc aura bientôt une nouvelle compagnie maritime sur le détroit de Gibraltar, selon plusieurs sources concordantes au sein de la profession et de l’administration portuaire. « C’est une compagnie dans laquelle les Grecs sont actionnaires. Elle a été créée par un grand groupe bancaire suite à une convention signée avec le ministère de l’Equipement, du Transport et de la Logistique », indique une source bien informée au sein de la profession.

La même source ne fait que confirmer une information révélée il y a un mois , alors que le ministère de l’Equipement et du Transport était en pourparlers avec le groupe bancaire en question. Dans les quartiers d’Aziz Rebbah à l’époque, on se refusait à tout commentaire. Après un moment d’hésitation, le conseiller communication du ministre, Mustapha Baba, s’était résolu à répondre par la négative. « Non, ce n’est pas ça », disait-il demandant de le joindre plus tard. Mais depuis, difficile de l’avoir.

Dans les rangs du PJD cependant, l’information circulait également. « Le ministère est en train de voir pour la création d’une grande entreprise nationale », indiquait une source au sein du parti, dont sont également membres le ministre de l’Equipement Aziz Rebbah et son ministre délégué au Transport, Najib Boulif.

La Marine marchande gère le dossier

Mais à en croire Amina Zizi, la conseillère communication de Najib Boulif, la convention semble bien avoir été signée. « Pour la convention, il faut voir avec la Marine marchande. C’est eux qui sont en charge de ce dossier », affirme-t-elle. A la Marine marchande cependant, difficile d’avoir plus d’information. Depuis un mois, une consigne interne interdit à toute autre personne que le directeur de s’adresser à la presse, nous confie deux responsables avec qui nous avions l’habitude d’échanger. Le directeur, quant à lui, est insaisissable, car désormais à cheval entre Rabat et Casablanca. Nous lui avons transmis un email et attendons sa réponse. Mais selon notre source au sein de la profession, le lancement des activités de la nouvelle compagnie serait proche. « Elle devrait commencer le trafic à la fin du mois de mai », indique-t-elle.

Au niveau de l’administration portuaire au nord du Royaume, on donne même plus de précisions. « La nouvelle compagnie va, dans un premier temps, se lancer sur Algésiras-Tanger, c’est certain. Mais sur Nador, on ne sait pas encore », indique un commandant qui requiert l’anonymat. Les informations n’ont pas encore été confirmées auprès du groupe bancaire qui serait à la base de cette société. Nous avons tenté en vain de joindre la direction.

Mais de leurs côtés, les compagnies opérantes sur le détroit sont au courant de tout. « On sait que le ministère a donné une autorisation à un grand groupe bancaire. On sait aussi que ce dernier collabore avec un armateur grec pour mettre en place une société sur le détroit », déclare Rachid Chrigui, DG d’Intershipping. Toutefois, celui que la nouvelle compagnie viendra concurrencer regrette que celle-ci n’arrive que pendant l’été. « La loi maritime veut normalement qu’un opérateur prétendant à l’opération transit soit opérationnel avant fin avril.  Les armateurs souffrent en hiver parce que le trafic est faible. Et au moment où il y a affluence, d’autres opérateur arrivent … », déplore-t-il.

Plus d’un an de silence de la part du ministère

Depuis plus d’un an, le ministère est resté très discret sur ses intentions et ambitions concernant le transport maritime des passagers. Surtout que le retour des compagnies marocaines pressenti en 2014 suite à l’appel à manifestation d’intérêt s’est avéré être un échec. Sur trois compagnies présélectionnées, une n’a jamais pris la mer (Red Fish, filiale de l’allemand FRS) et  Naveline a été récemment suspendue par la Direction de la Marine marchande

En février dernier en revanche, le responsable des lignes maritimes à la Marine Marchande, Hicham Echouhani, faisait clairement comprendre à Yabiladi que le Maroc voulait relancer son pavillon. Et c’est dans ce but que l’étude stratégique a été récemment bouclée. A noter qu’au terme de cette étude, le ministre a donné ses orientations pour notamment « entamer dans l’immédiat certaines actions prioritaires afin de restaurer la confiance et donner la visibilité aux opérateurs privés », selon un communiqué publié le 31 mars. Mais depuis, rien d’officiel ne filtre.

Source: Yabiladi

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