Privé de tout titre foncier par la justice et le gouvernement de Taza

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cf_060602896400400_px_640_Ouvrier chez Michelin pendant trente-six ans, Abdellah Chelh a investi tout son argent dans un terrain fruitier au Maroc. Aujourd’hui, il voudrait récupérer son investissement, mais mauvaise surprise : officiellement le terrain ne lui appartient pas !

Sébastien Dubois

Planté par Abdellah Chelh, le décor ressemble à une oasis de rêve, situé sur la commune de Taza, Maroc, entre le Rif et le Moyen-Atlas. « 4.200 oliviers, 350 figuiers, 650 autres arbres fruitiers. Ils commencent à donner de très bonnes récoltes, poursuit cet ancien ouvrier Michelin, pendant 36 ans. J’ai même construit une maison de cinq pièces et creusé deux puits de 52 et 101 mètres de profondeur ».

« Un jour sur deux » devant l’ambassade
du Maroc à ParisPourtant, aujourd’hui, que ce sémillant retraité de 66 ans veut récupérer « l’investissement d’une vie » pour en faire profiter toute sa famille, impossible : l’administration marocaine lui refuse ce droit, arguant du fait que le terrain appartiendrait à la collectivité, et non à Abdellah Chelh. Il y a dix jours, un jugement a été rendu en ce sens, contesté par le principal intéressé. Depuis, il manifeste, « un jour sur deux », devant l’ambassade de son pays d’origine à Paris. Sur la banderole de dix mètres qu’il déploie en toute légalité – il possède une autorisation d’occupation temporaire du domaine public -, un message simple, et fort : « Je suis privé de tout titre foncier par la justice et le gouvernement de Taza. Car j’ai refusé la corruption ».

Dans le cas présent, il lui aurait fallu faire passer clandestinement la fille d’un élu local marocain en France. Ou verser 500 ? à un autre. « J’ai jamais trafiqué. Pour moi, c’est impossible de faire des choses illégales comme ça », clame-t-il. Dans pareil cas, difficile de vérifier les dires d’Abdellah, auprès des ambassades et de l’administration locale. Mais les courriers, adressés aussi bien aux diplomates français et marocains, qu’aux ministres des deux pays, viennent soutenir sa version : tous ont été alertés de la situation, mais personne n’est encore intervenu. En la matière, la palme revient sans doute au Consul général de France : « Il n’est pas dans nos compétences d’interférer dans des questions juridiques d’ordre privé ».

« Si le roi est au courant, tout va se régler »Pas avare de documents, Abdellah Chelh possède même les papiers de la jeune fille, qu’il était sommé de faire passer en France. Et en ce qui concerne le terrain litigieux, l’ancien ouvrier dévoile un titre de propriété, au nom de son père, remontant à 1951, ainsi qu’un jugement actant d’une donation, entre les deux hommes. Plus étonnant encore, soixante-six voisins ont également reconnu ses droits sur le terrain et ce, au moment-même du bornage. « À cette époque-là, il n’y avait aucune contestation ».

C’est seulement, en 2006, quand il a fait valoir son envie d’obtenir un titre foncier pour pouvoir vendre son terrain et rapatrier les 400.000 ? auquel les 22 hectares sont estimés, que les problèmes ont commencé. « Mais je ne renoncerai pas, promet Abdellah. Je ne fais pas de politique, je veux juste récupérer mon terrain. Si je vous ai alerté, ce que je me dis que si le roi est au courant, tout va se régler ».

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