A Niamey au Niger, où de violentes manifestations anti-Charlie Hebdo ont éclaté, l’ambassade de France appelle ses ressortissants à éviter toute sortie.
Ce samedi, en réponse à ces rassemblements contre l’hebdo satirique qui a sorti son premier numéro mercredi depuis l’attentat qui a décimé sa rédaction, François Hollande a rappelé que «la France a des principes, des valeurs, et ces valeurs c’est notamment la liberté d’expression».
L’ambassade de France à Niamey a appelé ses ressortissants à «éviter toute sortie», alors que les manifestations violentes s’étendent dans la capitale nigérienne. «Grande prudence à respecter, éviter toute sortie», écrit l’ambassade sur son site. Plusieurs agences de l’entreprise française Pari mutuel urbain (PMU) et des kiosques de l’opérateur téléphonique français Orange ont été saccagés. Près de la grande mosquée de Niamey, où la police a tiré des gaz lacrymogènes, au moins un millier de jeunes s’étaient réunis devant l’édifice malgré l’interdiction des autorités. Des cris tels que «A bas la France», «A bas les tricolores français» ou encore «A bas Charlie Hebdo» étaient scandés par les protestataires, dont certains hurlaient «Allah Akbar».
Dans la deuxième ville du Niger, à Zinder, quatre personnes sont mortes et 45 ont été blessées dans les manifestations de vendredi. Le Centre culturel franco-nigérien a été incendié et Au moins huit églises incendiées, appel aux expatriés à «éviter toute sortie»: des manifestations violentes embrasent, ce samedi, Niamey contre la publication de la caricature de Mahomet dans le dernier numéro de Charlie Hebdo, au lendemain d’un «vendredi noir» à Zinder, deuxième ville du Niger.
Une vingtaine d’oulémas appellent au calme
Face à ces débordements, une vingtaine d’oulémas, des théologiens musulmans, ont aussi appelé au retour du calme dans les rues de la capitale. «N’oubliez pas que l’islam est contre la violence», rappelle le prédicateur Yaou Sonna à la télévision publique.
Selon le correspondant de l’AFP à Niamey, huit églises ont été brûlées, pour la plupart des lieux de culte évangéliques, toutes sur la rive gauche du fleuve Niger. Certaines siégeaient dans de petites villas, sans aucun signe religieux distinctif. Des manifestants se dirigeaient samedi après-midi vers la rive droite de la capitale, où se trouvent d’autres églises.
Des nombreux bars, hôtels, débits de boisson ou commerces divers appartenant à des non-musulmans ou tenant enseigne pour des entreprises françaises, ont également été détruits.
Une source sécuritaire dénombrait six groupes de 200 à 300 protestataires semant le chaos dans la capitale nigérienne, armés de gourdins, de barres de fer ou de pioches. En fin de matinée, un millier de jeunes se sont réunis près de la grande mosquée de Niamey, en dépit de l’interdiction du rassemblement par les autorités, aux cris de «A bas la France», «A bas Charlie Hebdo» ou «Allah Akbar» (Dieu est grand). L’édifice a été encerclé par quelques dizaines de policiers anti-émeute munis de casques et de boucliers, qui ont dispersé les manifestants à coup de gaz lacrymogènes.
«On va tout casser. Nous protégeons notre prophète»
«On va tout casser. Nous protégeons notre prophète. Nous allons le défendre même au péril de notre sang», clame manifestant, une grosse pierre à la main. Les violences se sont ensuite étendues à plusieurs autres quartiers du centre de la capitale, dont celui de la cathédrale, protégée par une centaine de policiers anti-émeute. «Ils n’ont pas eu le temps d’y mettre le feu», assure un policier nigérien.
Plusieurs agences de l’entreprise française Pari mutuel urbain (PMU) et des kiosques publicitaires de l’opérateur téléphonique français Orange ont été saccagés. Des lambeaux des kiosques ont été utilisés comme matériau de barricades.
L’ambassade de France à Niamey a invité ses ressortissants sur place à «éviter toute sortie» tandis que les membres de l’ONU sont appelés à se tenir à l’écart de «tout attroupement» dans la capitale. Les autorités consulaires recensaient 1.648 Français installés au Niger fin 2013. En fin d’après-midi samedi, aucun bilan sur d’éventuelles victimes n’était disponible et les officiels nigériens ne s’étaient pas encore exprimés.
Vendredi, le Centre culturel franco-nigérien avait été incendié à Zinder et trois églises saccagées dans cette agglomération proche du nord du Nigeria, où le groupe islamiste Boko Haram ne cesse de multiplier les massacres et d’étendre son contrôle sur des zones entières dans le nord-est du pays. Réagissant sur les violences survenues à Zinder, le gouvernement de Niamey avait lancé une mise en garde: «Nous n’accepterons pas que la chienlit s’installe», a averti le ministre de l’Intérieur, Hassoumi Massaoudou.
Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, fait partie des six chefs d’Etat africains qui ont participé à la marche républicaine du 11 janvier à Paris, après l’attaque terroriste qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo.
De violentes manifestations ont rassemblé des foules nombreuses dans plusieurs pays comme le Pakistan, le Mali, l’Algérie ou le Sénégal pour dénoncer la publication par l’hebdo satirique français, à la Une de son premier numéro après les attentats perpétrés à Paris, d’une caricature du prophète Mahomet.