Le tout-puissant ministre saoudien de l’Énergie, Ali al Naïmi, s’est dit prêt à laisser chuter le baril jusqu’à 20 dollars. Il exprime pour la première fois sa crainte de voir les États-Unis et le Canada lui prendre des parts de marché.Tel est aujourd’hui la menace que fait planer l’Arabie saoudite sur le secteur pétrolier. Avec en ligne de mire la poursuite de la baisse des prix à la pompe pour les consommateurs !
Tel est le mot d’ordre que l’on peut tirer des récents propos de l’homme fort de l’or noir, le ministre saoudien de l’Energie, Ali al Naïmi. Ce dernier a clairement ouvert les hostilités contre les Etats-Unis et proféré quelques menaces contre les producteurs américains et canadiens, lors d’une récente interview accordée à l’Agence de presse officielle saoudienne.
Le baril bientôt sous la barre des 20 dollars ?
« Ce n’est pas dans l’intérêt des producteurs de l’Opep de réduire leur production, quel que soit le prix » a-t-il déclaré, ajoutant qu’il sera prêt à baisser le prix du baril de pétrole sous la barre des 20 dollars, du jamais vu, de manière à mettre en difficulté les Etats-Unis et le Canada, qui pourraient souffrir d’une telle baisse selon les rapports d’experts. En effet, alors que l’exploitation pétrolifère au Canada approche le seuil de rentabilité à environ 100 dollars le baril, le pétrole saoudien coûte de son côté moins de 20 dollars pour être extrait. L’Arabie saoudite ne subirait donc aucun dommage en réduisant ses prix, si ce n’est une marge moins importante.
Carburants : vers une prolongation de la baisse des prix
Et alors que le marché du pétrole est actuellement en surproduction, la demande mondiale n’augmente que faiblement ( 900 000 barils de plus par jours estimés en 2015 par rapport à 2014, selon la dernière estimation de l’Agence internationale de l’énergie ) le royaume saoudien estime qu’en réduisant sa production, les prix remonteront et les parts de marché saoudiennes seront à la merci de ses concurrents.
Petit rappel des derniers épisodes. Le 27 novembre dernier, la décision des douze États membres de l’Opep de ne pas réduire le volume de production a brutalement accéléré la chute du cours du baril, entamée depuis la mi-juin. L’une des interprétations de ce geste qui circule alors est que les États-Unis et l’Arabie se sont entendus pour nuire à deux adversaires communs particulièrement dépendants des recettes pétrolières: la Russie et l’Iran.