Ouverture du procès d’un jeune MRE qui a hissé le drapeau du tawhid

0
1073

Abdelmalik-el-makrini-680x365

Abdelmalik el Makrini, MRE de 18 ans, est accusé « d’apologie du terrorisme » pour avoir hissé, cet été, le drapeau du tawhid sur le toit de la maison familiale près d’Al Hoceima.

Le procès d’Abdelmalik El Makrini démarre cette semaine. Lors de son arrestation, le 22 août dernier, le lycéen est apparu comme un de ces jeunes embrigadés par les partisans de Daech ou d’un autre groupe jihadiste. Selon certains médias, il s’apprêtait d’ailleurs à rejoindre les rangs de l’Etat islamique en Syrie.

Mais depuis une dizaine de jours, la famille et les amis de Abdelmalik El Makrini se mobilisent pour défendre le jeune MRE. Et leur version des faits, reprise par des médias français, est complètement différente.

Simple profession de foi ou signe de ralliement jihadiste ?

Le 22 août dernier, le lycéen, qui réside dans une petite ville jouxtant Lille dans le nord de la France, est en vacances avec sa famille près d’Al Hoceima. Sa famille fête les fiançailles de sa cousine quand il a l’idée d’accrocher sur le toit de la maison familiale à Bni Bouayach un drapeau noir sur lequel est inscrit en lettres blanches: « Il n’y a d’autre Dieu que Allah et Mohammed est son messager ».

drapeau_tawhid-dalil-rif-300x211

« Attention », précise Zakia El Makrini, sa grande sœur, à Telquel.ma : « Il ne s’agissait pas du drapeau de Daech, mais du drapeau du tawhid ». La jeune femme prend pour preuve la photo prise par le site d’information rifain Dalil-Rif. Elle argumente encore : « Ce drapeau n’est pas le drapeau de Daech, il est librement vendu en France et les manifestants l’arborent lors des marches ou sit-ins pro-palestiniens, par exemple ». Mais la bannière est aussi utilisée par certains groupes jihadistes en Syrie…

Quoi qu’il en soit, quelques heures plus tard, la police débarque dans la maison et embarque Abdelmalik quand il confirme qu’il est bien celui qui a accroché le drapeau. Le soir même, il est transféré à Casablanca où il est interrogé par la BNPJ pendant les 12 jours que dure sa garde à vue, sans être assisté d’un avocat et sans avoir pu parler à sa famille, conformément à la loi antiterroriste.

Il signe un PV qu’il ne comprend pas « pour sortir plus vite »

Pendant cette période, les policiers qui se sont succédés lui auraient demandé avec insistance « tu comptais partir quand [en Syrie] ? » et lui auraient posé de nombreuses questions sur un certain « Naïm», un de ses contacts Facebook, soupçonné d’avoir rejoint un groupe jihadiste en Syrie en 2013.

Des interrogatoires rendus difficiles par le fait qu’Abdelmalik ne parle pas arabe. Il affirme qu’épuisé, au bout de sa garde à vue, il a accepté de signer un PV qu’il ne pouvait pas lire quand le responsable lui a garanti que cela lui permettrait « de sortir plus vite », selon la version rapportée par sa famille. Mais au lieu de sortir, le jeune MRE est présenté devant un juge à Salé. C’est alors, grâce à l’interprète présent qu’il découvre qu’il est accusé d’ « apologie du terrorisme », et de « non-dénonciation d’un crime » (le départ de Naïm pour la Syrie), ce qu’il aurait « avoué » selon son PV.

« On ne peut pas poursuivre quelqu’un pour avoir brandi un drapeau saoudien »

Depuis, il est emprisonné à Salé dans l’attente du procès. « Son avocat, Maître Mohamed Kotaya, s’active pour obtenir une audience », indique Zakia, restée au Maroc afin de soutenir et d’aider son petit frère.

Me Kotaya, contacté par Telquel.ma, nous apprend que le procès doit commencer ce jeudi 13 novembre devant l’antenne de la Cour d’appel de Rabat chargée du terrorisme. Me Kotaya compte, nous affirme-t-il, « démonter le  PV » qu’il qualifie de « vide ». « Le PV ne tient pas la route, on ne peut pas poursuivre quelqu’un pour avoir brandi un drapeau saoudien », commente l’avocat avant d’ajouter « il n’y a rien de suspect sur sa page Facebook ». Il s’exclame enfin qu’ « au moment des faits, il était mineur… C’est insensé de le poursuivre pour apologie du terrorisme ! »

Zakia El Makrini est bien d’accord. L’idée que son frère puisse être confondu avec un extrémiste la fait encore rire, malgré la gravité de la situation. Elle explique que Abdelmalik, le plus jeune de la fratrie, est très entouré et qu’il ne cache aucune activité à sa famille.

Quand on lui demande des précisions sur les contacts de son frère avec « Naïm », elle s’énerve: « ça remonte à 2013, et ce n’est pas un ami de Abdelmalik, juste une connaissance sur Facebook, qui a disparu il y a plus d’un an. Et en quoi cela regarde la justice marocaine ? Mon frère était mineur, les contacts qu’il a eu avec Naïm ont eu lieu en France, et ce dernier n’est même pas marocain, mais Franco-algérien ! » Zakia est catégorique : « il n’a jamais eu l’intention de faire le jihad ». Pour elle, Abdelmalik a hissé le drapeau du tawhid parce qu’il était « fier de sa religion, mais il la pratique sans excès, comme nous tous dans la famille, et n’a aucune sympathie pour Daech. »

Une opinion qui semble partagée par de nombreuses personnes de sa communauté en France. Son proviseur, mais aussi des camarades, des parents d’élèves de son lycée ont témoigné en sa faveur dans la presse ou via la page ou le groupe Facebook Justice pour Abdelmalik.

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

*