L’avocat Mustapha Ben Cherif revisite la guerre du Rif dans son nouveau livre, qui met en lumière les crimes contre l’humanité perpétrés à l’époque par les puissances coloniales.
Entre 1921 et 1926, selon divers historiens ibériques, tels Maria Rosa De Madariaga, Angel Vinas et Juan Pando, et européens comme Sébastien Balfour et Jean-Marc Delaunay, l’armée coloniale espagnole a bombardé systématiquement, avec des armes de destruction massive comme le phosgène, la chloropicrine et l’ypérite ou gaz moutarde, la population du Rif pour en finir avec la rébellion indépendantiste menée par Abdelkrim El Khattabi. Selon les historiens, l’Espagne déversa quelque 470 tonnes de gaz toxique sur le Rif. Pour certains, le taux de prévalence du cancer très élevé dans cette région est dû à l’utilisation de gaz moutarde dans les années 1920.
Le nouvel ouvrage de Mustapha Benchrif se veut une analyse pointilleuse de la phase sombre qu’a représenté cette guerre, marquée par des « crimes de guerre et crimes contre l’humanité » et les dommages causés par la guerre chimique, peut-on lire dans la préface du livre. Pour l’auteur, la solution juridictionnelle n’est pas la seule voie envisageable, les parties pouvant en effet s’accorder sur un consensus politique à partir de négociations constructives et sérieuses pour tourner la page du passé, par une reconnaissance officielle des crimes commis par l’Espagne et la France contre le Rif. Sans doute, le pardon et les excuses pourraient constituer le fondement d’un accord historique, plaide-t-il.
L’idée maîtresse de cette étude est celle de la responsabilité des Etats coloniaux dans les crimes perpétrés contre la population et l’environnement lors de la guerre du Rif, de 1921 à 1926, par le fait de l’usage illicite des armes classiques et chimiques. Natif de Béni Boufrah, dans la province d’Al Hoceima, Mustapha Benchrif, docteur en Droit et membre de la commission régionale des droits de l’Homme Oujda-Figuig, est avocat au barreau d’Oujda.