Trois jours durant, du 19 au 21 novembre 2014, Marrakech a été le siège du cinquième Sommet Global de l’Entrepreneuriat, à l’initiative conjointe de SM le Roi Mohamed VI et du Président des Etats-Unis, M. Barack Obama.
Décidé l’an dernier lors d’une visite royale à Washington, ce cinquième sommet, qui vient tout juste de se terminer, a été, indéniablement, une belle réussite, comme en attestent d’ailleurs le nombre des participants et, surtout, la qualité des hautes personnalités qui ont marqué de leur présence cette manifestation. Cette importante réunion est, d’abord et avant tout, une victoire diplomatique et politique majeure pour le Royaume.
Cet Etat maghrébin, musulman, africain, a accueilli, excusez du peu, le Vice-Président américain, M. Joe Biden, qu’accompagnait une importante délégation de hauts fonctionnaires, tant du Trade Department que du State Department, sans compter les « men in black » du Secret Service…
Plusieurs chefs d’Etat africains ont également fait le déplacement, dont le Président du Gabon, Ali Bongo Ondimba, qui, il est vrai, est quasiment chez lui au Maroc, tant sont forts les liens entre les deux Chefs d’Etats et les deux pays. Le Président de la Guinée, Alpha Condé, était également parmi les hôtes de marque, malgré cette épidémie d’Ebola qui sévit en son pays et qui, sans la solidarité effective du Maroc, serait aujourd’hui quasiment considéré comme un Etat paria, sans liens avec l’extérieur !
Mais, au-delà des « officiels », grâce à la qualité du carnet d’adresse de M. Richard Attias, organisateur en chef de cette grand-messe, ce sont des dizaines de participants étrangers, de qualité, aux profils pointus ou bien déterminés, aux parcours exceptionnels, aux réussites impressionnantes, et venus des quatre coins de la planète, qui ont, surtout, donné ce cachet exceptionnel au GES marrakchi ! On aurait même envie de penser que cette participation étrangère aura, par son exhaustivité et sa hauteur, quelque peu éclipsé les Marocains et Marocaines du monde local de l’entreprise qui ont eu à témoigner de leurs success-stories, comme s’il fallait, en cette occasion, illustrer le proverbe, « le cordonnier est toujours le plus mal chaussé »…
Un message subliminal
Mais, pour en revenir au bilan du 5th GES, on soulignera avec force que dans l’actuelle conjoncture régionale et internationale, la présence d’une très forte délégation américaine, emmenée par le deuxième personnage des Etats-Unis, relève, quasiment de l’exploit. Non parce que M. Joe Biden a eu à intervenir sur le mode pédagogique pour expliquer à l’assistance sa conception de l’entreprise et de sa gouvernance, non parce qu’il a prononcé un fort plaidoyer sur l’ « American way to do business », mais parce que son séjour a d’abord et avant tout été stratégique, politique et diplomatique. En effet, ce sont les entretiens à Fès, au Palais royal, qui ont incontestablement relevé cet événement, parce qu’aujourd’hui, les Etats-Unis sont engagés, de nouveau, dans une nouvelle stratégie de lutte et d’endiguement du terrorisme, malheureusement paré du qualifiant « islamiste ». Et si le Vice-président Joe Biden a partagé des vues et des analyses avec le Roi du Maroc, c’est parce que les deux Etats sont absolument convaincus de la nécessité de mettre un terme le plus rapidement possible à la sanguinaire équipée d’une cohorte d’assassins auto-proclamés « Etat Islamique ».
Etats-Unis et Maroc sont sur la même longueur d’onde, ce qui, par extension, souligne le caractère d’allié stratégique privilégié dont jouit le Royaume auprès des « policy makers » de Washington. Cette position, qui s’appuie sur les qualités intrinsèques du Maroc, sécurité et stabilité intérieures, havre de paix dans une région fortement perturbée par les remugles du « printemps arabe » (Libye, etc.), est reconnue et appréciée par l’Amérique qui n’hésite pas à le faire savoir en dépêchant M. Joe Biden. Un déplacement qui ne manquera pas d’interpeller des capitales comme Alger, Paris, Madrid, voire Moscou et Pékin. Pour « jouer » au Maghreb, en Afrique du Nord, dans la zone saharo-sahélienne et en Afrique occidentale ou centrale, il faut compter avec et sur le Maroc. Voilà le message subliminal administré à tous lors de ce 5è GES à Marrakech !
Annonces et promesses
Et justement, la ville ocre a permis d’illustrer d’autres atouts, non intrinsèques au Maroc d’ailleurs, mais plutôt émanant de tous ces participants qui avaient quelque chose d’original, d’intéressant, de positif, à présenter, offrir, partager.
Car le cinquième sommet global de l’entrepreneuriat a prouvé que l’intelligence humaine, la créativité, l’exemplarité, l’abnégation et le travail étaient des valeurs qui permettaient, toujours, d’amener réussite, profit et richesse à tous ceux qui voulaient bien mettre en pratique ces principes et conseils. Lors du Women’s Day d’abord, mais aussi dans les ateliers, en plénières, au Village Market et ailleurs, il est apparu à nombre de participants que ce sommet pouvait ouvrir la voie à d’innombrables acquis pour autant que les conditions minimales étaient réunies. Voilà pourquoi les expériences de start-up innovantes, les résultats de businesswomen ou businessmen audacieux et performants, les signatures de joint-ventures, y compris entre des mastodontes comme Microsoft et de petites entreprises auront été » profitables à tous, par leur valeur d’exemplarité.
Voilà pourquoi l’assistance a pu apprécier à sa juste valeur la promesse de Joe Biden d’une rallonge de 50 millions de dollars pour Millenium Challenge Account dédié au Maroc en faveur de la jeunesse. Voilà pourquoi l’annonce par le président de BMCE Bank, M. Othman Benjelloun, de la création d’un prix annuel d’un million de dollars pour récompenser les jeunes entrepreneurs ou porteurs de projets africains les plus performants, a été accueillie par un tonnerre d’applaudissements.
Voilà pourquoi, finalement, on a pu dire que la présence de plus de trois mille participants à ce sommet de Marrakech est une très belle réussite du Maroc. Notre pays, son Roi, sa classe dirigeante, ses entrepreneurs et son peuple, en effet, ont projeté à la face du monde entier une image d’ouverture, de tolérance, de stabilité et d’humanisme. Un humanisme qui, pour l’essentiel, se nourrit de l’attachement aux plus hautes et belles valeurs de cet Islam de tolérance et de paix que chaque Marocain professe.
Marrakech, in fine, a pu administrer la preuve qu’elle pouvait accueillir les plus grandes manifestations internationales, les personnalités le plus en vue ou les plus exposées, sans danger ni inquiétude, et pas seulement dans les palaces ou les riads luxueux ! Il restera quand même, que des désagréments, liés au caractère spartiate de certains équipements ou à l’emplacement de ce GES, devraient être évités à l’avenir. Cela, afin que tout personne désireuse de participer soit accueillie comme elle le mérite, dans le confort et l’aisance. Mais gageons que si Richard Attias et ses équipes avaient pu bénéficier d’un Palais des Congrès à l’image de celui dont ils disposèrent en 1994 lors du sommet du GATT-OMC, de tels problèmes ne seraient jamais survenus !