Dans les rues perpendiculaires au boulevard d’Anfa à Casablanca, habitants, commerçants et passants se sont habitués depuis plusieurs années déjà, à la présence d’une vieille dame à la frêle silhouette, de noir toute vêtue, dans un état d’hygiène repoussant, accompagnée de deux chiens et se déplaçant à longueur de journée d’une rue à une autre mais toujours dans le même périmètre plusieurs sacs en plastique sur le dos.
Selon de rares personnes qui ont pu échanger avec elles quelques propos vu qu’elle observe un mutisme total la dame est la veuve d’un riche colon qui a perdu la raison le jour du décès de ce dernier pour ne plus la retrouver. Elle vivait dans le luxe dans le quartier d’Anfa avec chauffeurs et domestiques du temps de sa splendeur et dépensait sans compter grâce à la fortune colossale sur laquelle était assis son mari de son vivant qui comptait parmi les grands industriels de Casablanca.
A sa mort qui fut un grand drame pour elle et vu la détérioration de son état de santé mentale, ses trois enfants adultes ont décidé de la rapatrier en France pour la placer dans un asile. Mais c’était sans compter sur son amour pour le Maroc qu’elle ne veut quitter à aucun prix et dans lequel elle a toujours compté finir ses jours. Devant son refus et sa détermination, ses enfants ont pu avec l’aide de leurs avocats à mettre la main sur tous les biens de la famille, y compris la maison où elle avait continué un temps à vivre, la privant sur le coup de toutes ses ressources et la condamnant à vivre comme une clocharde et ce, depuis une dizaine d’années..Les services consulaires français ont essayé à maintes reprises de trouver une solution et une issue à ce cas émouvant mais en vain. Ne craignant ni les intempéries ni le froid glacial de l’hiver, ni la violence ni les agressions des autres clochards, elle hante les rues de Casablanca de sa silhouette noire dans une grande dignité. Car l’ancienne riche héritière ne tend jamais la main. De quoi survit-elle? Mystère total.