La traite des enfants au Maroc en chiffres

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Célébrant la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants, sous le thème «Étendre la protection sociale, éliminer le travail des enfants !», le HCP brosse la situation au Maroc.

L’observation du Haut-commissariat au Plan (HCP) prend appui sur l’enquête lancée en 2013, sur le travail des enfants. Celle-ci concerne 86.000 enfants âgés de 7 à moins de 15 ans, représentant 1,8% de l’ensemble des enfants de cette tranche d’âge. Ce phénomène est en forte régression depuis 1999, année où il constituait 9,7% de cette catégorie de population.

Le travail des enfants : un phénomène rural

L’enquête confirme une réalité révélée par différentes analyses sociologiques : le phénomène demeure principalement rural. En effet, au niveau de ce milieu, 3,6% des enfants (76.000) étaient au travail en 2013 contre 16,2% en 1999 (452.000 enfants); alors que dans les villes, cette proportion n’est que de 0,4% (10.000) contre 2,5% en 1999 (65.000 enfants).

Ainsi, près de neuf enfants actifs occupés sur dix résidents en milieu rural. Par ailleurs, le travail des enfants touche beaucoup plus les garçons que les filles, 57,2% sont de sexe masculin. Par milieu de résidence, cette proportion varie de 53,2% en milieu rural à 89,9% en milieu urbain.

La région Doukkala-Abdda abrite le ¼ des enfants employés

Au niveau régional, au cours des cinq dernières années, plus de 70% des enfants au travail était concentré dans quatre régions du Royaume.  Celle de Doukkala Abda abritait, à elle seule, plus du quart. En 2013, la contribution de ces régions dans le travail des enfants était de : 24,8% à Doukkala-Abda; 18,2% à Marrakech-Tensift-Al Haouz; 16,1% à Chaouia-Ouardigha et 10% au niveau de la région d’El Gharb-Chrarda- Beni Hssen.

Les enfants travaillent parallèlement à leur scolarité

En outre, selon les circonstances de leur travail, en 2013, seuls 25,4% des enfants travaillaient parallèlement à leur scolarité, 54,8% ont quitté l’école avant même de terminer l’enseignement obligatoire et 19,8% ne l’ont jamais fréquenté. Les principales raisons avancées par les 74,6% des enfants au travail et qui n’étaient pas scolarisés sont à :

•       26,4%, le fait que l’enfant n’accorde aucun intérêt aux études ;

•       23,5%, la non disponibilité d’établissement d’enseignement général dans le lieu de résidence, l’inaccessibilité, les difficultés géographiques ou climatiques ;

•       16,2%, l’absence de moyens financiers pour couvrir les coûts liés à la scolarité ;

•       11,3%, l’obligation d’aider le ménage dans ses activités professionnelles.

Un travail essentiellement concentré dans l’agriculture

Le travail des enfants reste concentré dans certains secteurs économiques. Ainsi, en milieu rural, ils sont 94% à travailler dans l’ »agriculture, forêt et pêche ». En zones urbaines, les « services », avec 65,5%, et l’ »industrie y compris l’artisanat », avec 22,2%, sont les principaux secteurs employeurs des enfants.

Selon le statut dans l’emploi, plus de 9 enfants actifs occupés sur 10 en milieu rural travaillaient en tant qu’aides familiales. En milieu urbain, 42,1% sont des apprentis, 35,9% travaillaient en tant que salarié, 17% sont des aides familiales et en tant qu’indépendant 5%.

Une moyenne de 32 heures par semaine

En termes de nombre d’heures d’emploi, les enfants travaillent en moyenne 32 heures par semaine, soit 14 heures en moins relativement aux personnes âgées de 15 ans et plus. Cet écart est d’environ 12 heures en milieu rural (30 contre 42 heures) alors qu’il n’est que de 2 heures en milieu urbain (48 contre 50 heures).

Les ménages de grandes tailles les plus concernés par le phénomène

Le travail des enfants concerne 75.135 ménages, soit 1,1% de l’ensemble des ménages marocains, concentrés en milieu rural (65.976 ménages contre 9.159 dans les villes).

Ce sont les ménages de grande taille qui sont le plus affectés. En effet, la proportion des ménages ayant au moins un enfant au travail est de 0,3% pour les ménages de trois personnes et augmente progressivement avec la taille pour atteindre 3% parmi les ménages de 6 personnes et plus.

Le niveau d’instruction des parents aide à limiter le phénomène

Les caractéristiques socioculturelles du ménage et de son chef en particulier sont déterminantes pour  ce phénomène. Ainsi, la proportion des ménages dont au moins un enfant est au travail est quasi nulle parmi les ménages avec un chef ayant un niveau d’instruction supérieur et s’établit à 1,5% parmi les ménages dont le chef n’a aucun niveau d’instruction.

Selon le type d’activité du chef de ménage, cette proportion passe de 0,2% pour ceux qui sont inactifs à 1% pour les chômeurs pour atteindre 1,5% pour les actifs occupés.

Enfin, dans le même contexte, il y a lieu de souligner également que plus on avance dans l’échelle sociale plus le travail des enfants diminue. En effet, l’analyse de ce phénomène selon la catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage révèle que 66% des enfants au travail sont issus du milieu d’exploitants agricoles, 14% du milieu populaire, 12,9% du milieu intermédiaire et seuls 1,7% du milieu supérieur.

Le thème retenu cette année pour célébrer cette journée mondiale renseigne sur l’approche réaliste qu’adoptent les organismes internationaux dans la lutte contre ce phénomène. Ils considèrent que l’éradication du travail des enfants est un processus de longue haleine qui requiert une compréhension appropriée du contexte sociologique de l’enfant.

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