Une fin de campagne présidentielle sous le signe de la révolte

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Si les deux premières semaines de campagne présidentielle se sont déroulées dans le calme, malgré les très nombreuses manifestations anti-Bouteflika observées dans toute l’Algérie, il n’en est pas de même pour le début de la dernière.

En leader incontesté et incontestable du Non à cette élection présidentielle truquée, les Amazigh et la Kabylie ont interdit aux postulants à la magistrature suprême de venir faire leur prêche en territoire berbère, confirmant leur statut de frondeurs et de région frondeuse.

C’est ainsi que à Azeffoun, localité proche de Tizi Ouzou, les habitants ont saccagé et incendié, le 05 avril 2014, le local du FLN, refusant qu’une poignée de personnes du clan Bouteflika s’expriment en leur nom.

Quant à Ahmed Ouyahia, venu, sous forte escorte, à Oum El Bouaghi pour y faire la promotion de la candidature du Président-candidat, il a été tout simplement accueilli avec des pots de yaourts et s’est trouvé dans l’obligation de prendre la poudre d’escampette.

Pour ce qui est de l’ex-ministre Moussa Benhamadi, il a vu son meeting de la daïra d’Akbou stoppé net par de jeunes manifestants hostiles à Bouteflika.

S’agissant d’Amara Benyounès et Amar Ghoul, deux ministres en exercice qui mènent campagne à plein temps pour Bouteflika, ils sont davantage ciblés par la colère citoyenne et leurs sorties électorales se déroulent toujours sous haute surveillance sécuritaire.  D’ailleurs,  Amar Ghoul a échappé de justesse à une agression à  Marseille.

Même le Ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, a été chassé de Batna où il était allé en visite d’inspection et a dû se réfugier dans un commissariat de police pour échapper à la colère des jeunes, toujours furieux après la blague de mauvais goût d’Abdelmalek Sellal sur les Chaouis.

Et pour finir avec le staff de campagne du Président sortant, le directeur de campagne de Bouteflika, Abdelmalek Sellal, qui devait animer le 05 avril 2014, un meeting à Bejaia, il n’a pas pu quitter le salon de l’aéroport Abane Ramdane où son avion a atterri.

La raison est que plus d’un millier de personnes manifestaient pacifiquement contre sa venue et se sont rassemblées devant la Maison de la Culture Taos Amrouche pour l’empêcher d’accéder à la salle où journalistes et autres «invités», venus d’autres wilayas au frais du contribuale pour remplir la salle, étaient cantonnés.

Des manifestations qui ont tourné à l’émeute suite à l’intervention musclée des forces de sécurité algériennes et des nervis recrutés par le clan Bouteflika. Résulat, le Centre Culturel a été incendié ainsi que plusieurs véhicules de police, non pas par les manifestants mais par des agents à la solde du pouvoir, et de nombreux blessés parmi les manifestants. Des émeutes qui se sont poursuivies toute la nuit du 05 au 06 avril 2014.

Aussi, contraint d’annuler son meeting, Sellal s’est rabattu sur un quartier populaire d’Alger, Bab El Oued, où à la salle Atlas il a délivré un discours vantant le bilan du Chef de l’Etat devant un public clairsemé.

Revenu le lendemain 06 avril 2014 en terre Kabyle, à Tizi Ouzou précisément, mais cette fois-ci sous très haute protection policière et après mise en place d’un cordon sécuritaire autour de la Maison de la Culture, lieu de son meeting, il a pu livrer son discours à son auditoire qui n’est même pas Kabyle.

Un meeting qui a pu se tenir sans escarmouches suite aux dizaines d’arrestations effectuées au préalable par les forces de sécurité mais qui n’ont pas empêché plusieurs centaines de manifestants de scander des slogans et de brandir des pancartes hostiles au pouvoir : «Non au 4ème  mandat», «DRS dégage», «Système dégage», «Vous avez semé la dictature».

A relever que les journalistes présents ont fait l’objet d’intimidations et de tentatives d’arrestation par les forces de police et les «gros bras» recrutés à l’occasion. Une situation qui a été vivement dénoncée par l’Association des Journalistes et Correspondants de la wilaya de Tizi Ouzou (AJCTO) dans un communiqué rendu public, dimanche 6 avril 2014.

Enfin, le principal challenger, Ali Benflis lui aussi n’a pas échappé à la vindicte populaire et Amazigh. Il été mis dans l’obligation d’annuler son meeting à Sidi Aïch au regard du grand succès du rassemblement organisé par le Mouvement Autonomiste Kabyle MAK.

C’est dire que cette campagne présidentielle vire au cauchemard pour les dirigeants algériens du fait que le peuple algérien a parfaitement compris que ce qui intéresse Bouteflika et son clan ce n’est pas tant d’aider le pays à sortir de la crise mais juste le pouvoir qui leur donne le sentiment de puissance. C’est pourquoi les algériens, notamment les Amazigh, se font un devoir d’exprimer partout sur le territoire leur rejet de cette 4ème candidature en menant la chasse à ses vizirs de campagne.

A noter que l’agence officielle de presse, APS, a tenté sciemment de taire la manifestation sanglante de Bejaia, mais face aux informations, vidéos et photos qui circulaient sur le Net, elle s’est mise au diapason en  publiant une dépêche sur ces évènements.

En conclusion, il faut bien admettre que le peuple Kabyle refuse fermement la candidature à un 4ème mandat de Bouteflika mais aussi celle des autres candidats. En Kabylie, Bouteflika est déclaré par les Kabyles personnae non gratae.

Les Amazigh ont trop souffert de ce régime inique et demandent l’avènement d’une nouvelle République qui leur garantirait tous leurs droits confisqués depuis l’indépendance, notamment celui de leur accorder une large autonomie dans le cadre de l’instauration d’une régionalisation en Algérie.

Pour les lecteurs, je rappelerai que Bouteflika, né à Oujda (Maroc) d’une mère travailleuse dans un bain maure et d’un père vendeur ambulant de légumes, et non à Tlemcen comme il le prétend, avait été condammné à mort part l’Armée de Libération Nationale (ALN), ancêtre de l’Armée Nationale Populaire (ANP), pour avoir dilapidé les côtisations des ouvriers de France et qu’il ne dû son salut qu’à l’intervention de Boussouf, créateur et 1er patron des services secrets algériens, qui le muta à la frontière malienne, d’où son sobriquet «Abdelkader El Mali».

Farid Mnebhi.


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