Désormais, vous y réfléchirez à deux fois lorsque l’on vous proposera de reprendre une tasse de thé. Selon une récente étude effectuée par une équipe de chercheurs canadiens, dont le professeur Gerry Schwalfenberg et publiée sur le « Journal of Toxicology », plusieurs variétés de cette plante contiennent du plomb, de l’arsenic et de l’aluminium ; des métaux lourds réputés pour leur toxicité pour l’organisme.
Les scientifiques, premiers surpris de ce constat, entendent alerter sur les dangers de ces substances, mais ne se montrent pas alarmistes pour autant. En effet, après avoir analysé une trentaine de variétés de thé distribuée dans le commerce (en sachet ou feuilles séchées), ils soulignent que sept thés sur dix (tous genres confondus – noirs, verts, blancs, Oolong, issus de la culture biologique ou non) contiennent une teneur importante de plomb en raison notamment de la pollution des sols de culture.
Ils rappellent toutefois que le seuil tolérable pour un adulte est de 15 microgrammes de plomb par litre. Le risque de dépasser la dose limite est donc faible, compte tenu du fait qu’un litre de thé ne libère, selon les spécialistes, que 0,1 à 4,39 microgrammes de plomb par litre.
Concernant l’aluminium ou l’arsenic, leur concentration atteint également des niveaux acceptables pour l’adulte. Il est cependant conseillé de limiter le délai d’infusion à 3 minutes au plus (plus le temps d’infusion est élevé, plus les teneurs de ces substances augmentent.)
Mais, si les scientifiques souhaitent rassurer la très vaste communauté des buveurs de thé, ils tirent en revanche une vigoureuse sonnette d’alarme lorsqu’il s’agit des femmes enceintes et allaitantes. Celles-ci s’exposent à davantage de risques selon les scientifiques.
Un danger pour les femmes enceintes et allaitantes
En effet, selon l’étude canadienne, lorsque la plante infuse 3 à 4 minutes, 73% des thés libèrent des concentrations de plomb supérieures aux recommandations sanitaires ; lorsque la feuille de thé a infusé plus de 15 minutes, la boisson devient, selon les chercheurs, impropres à la consommation pour les femmes enceintes. « Boire trois ou quatre tasses par jour, ce qui est assez commun, c’est beaucoup trop pour les fœtus ou nourrissons », insiste le professeur Gerry Schwalfenberg.
Cette récente étude met parallèlement l’accent sur la dangerosité du plomb, provoquant le saturnisme. Une intoxication au plomb, reconnue problème de santé publique, qui peut engendrer des retards de croissance chez le fœtus, des risques d’avortements ou accouchements prématurées, ou contaminer le nourrisson à travers l’allaitement.
Les chercheurs incriminent de nombreuses variétés de thés mais réalisent néanmoins certaines distinctions. L’étude précise que le thé Oolong chinois possède les plus fortes teneurs en substances toxiques. Une concentration qui pourrait s’expliquer par la pollution dégagée par les centrales de charbon chinoises. Les thés noirs classiques occupent la deuxième place de cette étude sur la toxicité, alors que les thés blancs bio sri-lankais et indiens se targuent de comporter des quantités minimes de substances néfastes.
Dans un souci du « manger sain », la sensibilité quant aux contenus de nos assiettes, l’inclinaison à scruter et analyser le moindre aliment ingurgité est exacerbée. Une attitude qui tendrait à écarter à tort le thé de nos habitudes alimentaires. Cependant, aussi inquiétante soit cette étude, elle ne doit pas occulter les nombreuses vertus de cette plante à laquelle sont reconnues de bénéfices anticancéreux, des propriétés anti-infectieuses et permet entre autres de moduler le diabète.