La communauté internationale célèbre aujourd’hui, lundi 9 décembre, la journée de lutte contre la corruption. Les efforts du Maroc dans cette lutte demeurent très en deçà des objectifs. Le Maroc occupe le 91ème rang sur un total de 177 pays, marquant ainsi une régression de trois rangs par rapport à 2012 (88ème).
Pour Abdeslam Aboudrar, président de l’Instance Centrale de Prévention de la Corruption (ICPC), «on ne peut pas parler d’un recul, puisque «le Maroc a gardé la même note dans l’indice de perception de la corruption (IPC) pour l’année 2013 avec un score de 37 sur 100, soit le même que celui de l’année dernière», explique-t-il. En tout cas, nos voisins tunisiens font mieux que nous. Ils occupent le 77ème rang, tandis que l’Algérie est 94ème du classement.
Mais au-delà du classement en soi, la perception du citoyen au quotidien importe beaucoup, alors que M. Aboudrar précise : «Ces indices sont approximatifs. L’indice de perception de la corruption reflète plutôt les impressions des gens vis-à-vis du phénomène que sa dimension effective».
Il s’agit peut-être d’une perception, mais qui émane de la réalité. En effet, une grande majorité des marocains estime que la corruption est fortement présente dans notre pays.
L’Administration est à chaque fois pointée du doigt, lorsque l’on évoque la corruption. Certes, à des degrés divers, selon que cela concerne la Justice, la Santé, l’Education… mais la corruption demeure omniprésente. Cette situation s’explique selon, Transparency Maroc, par un manque de volonté des pouvoirs publics. Ces derniers seraient «dépourvus de toute stratégie contre la corruption, se cantonnent dans un discours stérile et entretiennent l’impunité…Alors que la corruption coûte cher à notre économie, sape les fondements de l’Etat de droit et altère le lien social», a-t-on déclaré chez Transparency Maroc, lors d’une conférence de presse organisée à Casablanca le mardi 3 décembre dernier. Le retard de la part de l’Exécutif dans la mise en place d’une loi relative à l’Instance nationale pour l’intégrité, la prévention et la lutte contre la corruption, reflète cette donne.
Dans ce même sens, Transparency Maroc estime que la campagne de communication lancée par le Gouvernement a été coûteuse et contreproductive. En atteste ce nouveau classement.
Haro sur l’impunité
Il va sans dire que tant que l’impunité est de mise, la lutte contre la corruption ne dépassera jamais le stade du discours. Pour le président de l’ICPC, le débat sociétal autour de la corruption, ainsi que la Constitution de juillet 2011, sont de nature à accélérer le rythme des réformes. La mise en place d’une loi sur la protection des témoins, des dénonciateurs et des victimes dans les affaires de corruption, et de la loi sur la déclaration du patrimoine, l’examen de questions liées aux conflits d’intérêts, à l’accès à l’information et à la réforme de la justice, sont autant d’actions qui prouvent, selon l’instance, la volonté du Royaume d’aller de l’avant. Hélas, la perception des citoyens, qui sont confrontés dans leur quotidien à des abus en tous genres, demeure assez négative. Pour autant, il est évident que si les citoyens ne sont pas non plus impliqués de manière effective dans cette lutte, nous n’avancerons point. Le phénomène de la corruption concerne toutes les composantes de la société. Mais, pour amener la population à avoir ce réflexe de dénoncer, à prendre sur son temps et son énergie pour le faire, il faut lutter contre l’impunité.
Dans cette optique, Transparency Maroc a mis en place un Centre d’Assistance Juridique Anti-Corruption dans le but d’assister et d’orienter les personnes témoins ou victimes de la corruption. L’objectif est d’«engager les citoyens dans la lutte contre la corruption en leur assurant l’appui d’une équipe de professionnels qui leur procurera une aide et une assistance juridique gratuitement et en toute confidentialité». Une initiative qui vise, à l’instar d’autres actions menées par d’autres associations (AMDH, OMDH, LMCDH…), à élargir la participation de tous à la lutte contre la corruption afin d’instaurer une nouvelle culture de la citoyenneté, et d’aboutir à terme à un Etat de droit.