La cour d’assises d’appel de la Somme à Amiens jugera à partir de mercredi 14 novembre un homme accusé de viol aggravé sur ses filles, qui assurent qu’elles consentaient à ces rapports sexuels. L’une d’elles vit aujourd’hui en concubinage avec son père, dont elle a eu un enfant.
La mère des filles, aujourd’hui âgées de 29 et 31 ans, est jugée en même temps que son ex-mari, pour complicité de viol aggravé sur mineur de 15 ans et non-dénonciation. Lors du jugement en première instance devant la cour d’assises de l’Oise, en mai 2011, le père avait été condamné à huit ans de prison, la mère à cinq ans, sans mandat de dépôt.
LA JUSTICE « EST-ELLE LÀ POUR DIRE LE DROIT OU LA MORALE ? »
Les relations sexuelles avaient commencé à l’adolescence des deux filles, qui « revendiquent aujourd’hui leur consentement et leur amour pour leur père », a expliqué Me Florence Danne-Thiefine, l’avocate de la mère.
Selon Me Hubert Delarue, l’avocat du père, les jeunes filles étaient âgées de plus de 15 ans lorsque les rapports sexuels ont débuté, ce qui aurait dû aboutir à un délit de corruption de mineur, jugé en correctionnelle. « La particularité de ce procès est que les parties civiles sont à l’unisson de [l’accusé]« , selon Me Hubert Delarue, qui estime que « la justice n’a pas compris le fonctionnement de cette famille. » Il s’agit d’un cas « surprenant, décoiffant », de « confusion totale des genres », mais la justice « est-elle là pour dire le droit ou la morale ? », interroge l’avocat.
« C’ÉTAIT UN PEU LE GRAND N’IMPORTE-QUOI »
Les filles se sont portées partie civile « pour pouvoir assister au procès, pour qu’on ne les prive pas de leur vérité », selon Me Delarue. La famille fonctionnait « de manière autarcique, comme un phalanstère post-soixante-huitard, avec une très grande proximité des uns vis-à-vis des autres, c’était un peu le grand n’importe-quoi », décrit l’avocat.
Sans problèmes d’alcoolisme ou de violence conjugale, la famille vivait dans un « contexte social tout à fait confortable, avec un chef de famille extrêmement intelligent, qui gagne très bien sa vie à l’époque, dans une magnifique propriété aux alentours de Compiègne », assure Me Florence Danne-Thiefine, l’avocate de la mère. Le grain de sable est venu de l’une des filles, qui s’est épanchée auprès d’une connaissance, laquelle a écrit une lettre en son nom, qui a déclenché une enquête.
« TOUT ÉTAIT COMPLÈTEMENT VICIÉ »
La mère s’est depuis éloignée du reste de la famille, qui compte trois autres enfants. « Depuis le début du dossier », l’ex-épouse estime qu’elle doit être condamnée pour les faits qui lui sont reprochés, selon son avocate.
« Elle n’explique pas forcément comment ça a commencé, pourquoi ou comment, elle en est intellectuellement incapable, […] mais avec le recul, elle a bien compris que tout était complètement vicié », avance Me Danne Thiefine. Le procès, qui doit durer trois jours, se tiendra probablement à huis-clos, pour « protéger » l’enfant qu’ont eu le père et sa fille, selon Me Delarue.