L’association à l’origine de l’interpellation des trois adolescents de Nador, remis en liberté depuis, vient de récidiver. Lundi, celle-ci a déposé une deuxième plainte cette fois-ci contre Ibtissame Lachgar, Soufyane Fares et Nizar Bennamate, ayant tous les trois pris part au kiss-in de solidarité organisé le 12 octobre à Rabat. Ils sont accusés, entre autres, d’incitation à la débauche.
Le baiser interdit de Nador n’a pas encore fini de faire parler de lui. Après une première plainte déposée contre les trois adolescents marocains pour « atteintes à la pudeur », l’Organisation unie des droits de l’Homme et des libertés publiques vient de récidiver. Lundi, son président, Fayssal El Marsi a, en effet, déposé une seconde plainte, visant cette fois-ci trois autres personnes ayant participé le 12 octobre dernier, au kiss-in de Rabat.
« Incitation à la débauche et atteinte à la pudeur »
Il s’agit d’Ibtissame Lachgar, Soufyane Fares et Nizar Bennamate, militants du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI) et du Mouvement du 20 février. Dans sa plainte, adressée au procureur du roi près la Cour de première instance de Rabat, Fayssal El Marsi accuse les trois jeunes d’« incitation à la débauche, atteinte à la pudeur publique, enfreinte du code pénal marocain ».
Ils sont également accusés d’« avoir ébranlé la foi d’un musulman » et « insulté l’institution législative marocaine ». Mais ce n’est pas tout. Selon Ibtissame Lachgar, Amine El Baroudi, le jeune homme qui avait interrompu le kiss-in de Rabat, a également déposé une plainte au nom de l’Association de la jeunesse marocaine pour la citoyenneté et le développement durable.
Une « bêtise » ?
« On n’en sait pas plus » pour l’instant, a commenté Ibtissame Lachgar, contactée ce mercredi matin par Yabiladi.com. « Les plaintes sont là : Fayssal El Marsi de Nador contre Nizar, Soufyane et moi-même. Amine El Baroudi contre Soufyane et moi. Je pense que c’est tout aussi ridicule que pathétique. On est au 18e siècle en fait… Peut-être faudra-t-il nous jeter des pierres sur la place publique, tant qu’à faire », poursuit-elle avant de souligner : « Je ne réagis pas face à la bêtise ».
Selon la jeune femme, ce n’est pas uniquement son mouvement qui a appelé à l’organisation du kiss-in. « Des membres du MALI » l’ont fait, « mais nous n’avions pas pris la décision au nom du MALI ». « Moi, j’étais à Paris pour des raisons personnelles, j’ai appelé à l’organisation du kiss-in de Paris puis nous avons parlé de celui Rabat ». Mais « rien d’officiel », assure-t-elle. « Nous assumons que MALI soit associé à l’action mais tous les participants n’étaient pas membres » du mouvement, précise-t-elle.
Sera-t-elle acceptée ?
De son coté, Nizar Bennamate, également visé par la plainte de l’association de Nador, préfère ne pas se prononcer sur l’affaire pour l’instant. « J’attends la décision du procureur du roi et de voir s’il va accepter ou pas la demande formulée par le plaignant », nous a-t-il confié.
« Normalement, la plainte sera acceptée par le procureur, je ne vois pas pourquoi elle ne le serait pas », affirme Fayssal El Marsi, joint également par nos soins. « Tout y est clair et les preuves sont là pour le démontrer. » « Après, si elle est refusée, ce qui ne risque pas d’arriver à mon avis, il y a d’autres moyens légaux pour faire parvenir la plainte à la justice », a-t-il conclu.
Pour ce qui est de la plainte déposée par Amine El Baroudi, on n’en sait pas plus pour le moment. La fille et le garçon à l’origine de cette affaire, âgés respectivement de 14 et 15 ans, et leur ami ayant posté la photo de leur baiser sur Facebook, avaient été arrêtés le 4 octobre dernier, avant d’être remis en liberté trois jours plus tard. Leur procès est, toutefois, maintenu. Il a été reporté au 22 novembre prochain.
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