Cette Saoudienne au volant est encouragée par une compatriote et son petit garçon.
Alors que des Saoudiennes font campagne depuis plusieurs semaines pour obtenir le droit de conduire, sans être autrement inquiétées, le ministère de l’Intérieur vient de réagir…
Les militantes saoudiennes avaient appelé sur les réseaux sociaux à faire du samedi 26 octobre le point d’orgue de la campagne lancée en septembre pour obtenir le droit de conduire pour les femmes, mais le ministère de l’Intérieur a rappelé qu’il était illégal pour une femme de prendre le volant, et que les contrevenantes seraient punies.
« Il est connu que la conduite de voitures par les femmes est interdite dans le royaume, et nous appliquerons la loi à l’égard des personnes qui y contreviennent ou se rassemblent pour appuyer » le droit des femmes à conduire, a déclaré jeudi 24 octobre le porte-parole du ministère, le général Mansour Al-Turki.
« Tous les rassemblement sont interdits »
Interrogé au sujet d’un rassemblement d’extrémistes religieux qui se sont regroupés mardi devant le palais royal à Jeddah, dans l’ouest du pays, pour protester contre la campagne des femmes, le porte-parole a répondu que « tous les rassemblement sont interdits ».
Prudentes, les meneuses de la campagne soulignent qu’elles n’appellent à aucun rassemblement ou manifestation, et qu’elles demandent aux femmes de prendre individuellement le volant, pour éviter le précédent de 1990, lorsqu’un groupe de femmes ayant défilé au volant de voitures à Riyad avaient été arrêtées.
De plus en plus de femmes s’enhardissent à prendre le volant et postent sur les réseaux sociaux des photos et vidéos les montrant en train de conduire dans des rues très fréquentées de Ryad.
Mais, depuis le lancement de la campagne en septembre dernier, de plus en plus de femmes s’enhardissent à prendre le volant et postent sur les réseaux sociaux des photos et vidéos les montrant en train de conduire dans des rues très fréquentées de Riyad.
Un assouplissement des autorités?
Et à l’exception de deux d’entre elles, les conductrices n’ont pas été importunées par les policiers, contrairement à une campagne précédente en 2011. Les militantes relèvent un assouplissement dans la position des autorités, soulignant que le chef de la puissante police religieuse, Abdel Latif Al Cheikh, tout comme le ministre de la Justice, Mohammad Al-Issa, ont tous les deux récemment affirmé qu’aucun texte religieux ne stipulait que la femme n’avait pas le droit de conduire.
La campagne actuelle intervient en plein débat sur le bien-fondé de la levée de l’interdiction, l’Arabie saoudite restant le seul pays de la planète à conserver cette disposition, en raison d’une tradition maintenue par un clergé particulièrement conservateur.
Un problème «de moralité publique»
Aucune loi n’interdit aux femmes de conduire mais il faut un permis de conduire et ce dernier ne leur est pas accordé. Des femmes membres de l’influent Conseil de la Choura, l’organisme qui conseille le roi Abdallah d’Arabie saoudite, ont proposé en septembre que les femmes soient autorisées à conduire.
Aujourd’hui, les chefs religieux ne prétendent plus, comme certains l’affirmaient par le passé, que c’est la charia, la loi musulmane, qui interdit aux femmes de conduire. Les opposants au changement mettent plutôt en avant des problèmes de moralité publique que poserait la présence de femmes et d’hommes dans le même espace public.