L’inquiétante dérive de l’Afrique du Sud (Attention Images dures)

La semaine dernière, Abdi Mahmoud Nasr a été lapidé à mort. Son assassinat a été filmé et diffusé sur YouTube. A Port Elizabeth une vingtaine de boutiques appartenant à des étrangers ont été saccagées. Il y a deux jours deux frères ont été tués à coups de hache dans la province septentrionale du Limpopo. Les victimes de toutes ces horreurs étaient simplement des étrangers. Des Somaliens, qui avaient fui la guerre et la famine dans leur propre pays.

Hier, à Cape Town, des centaines d’immigrés africains ont bravé leur peur et ont défilé jusqu’au Parlement et protester contre cette violence qui leur est faite et contre l’incapacité du gouvernement à les protéger. « Nous voulons que le gouvernement entende nos doléances. Nous sommes des gens travailleurs et respectueux des lois. Alors, pourquoi nous attaque-t-on comme si nous étions des criminels ? » a déclaré à la presse locale un Somalien, ouvrier du bâtiment depuis quatre ans.

L’Afrique du Sud semble engagée dans une spirale de violences dont on n’entrevoit toujours pas la sortie. Les compagnies minières ont besoin de se moderniser et de se restructurer pour retrouver leur rentabilité. La tension sociale est à son comble. Les plans de licenciements se succèdent aux grèves. Le chômage explose. La police tire sur les grévistes et réprime durement les manifestations. Et presque mécaniquement, les Sud Africains pauvres, victimes de cette violence sociale et policière, s’en prennent à leurs tours aux étrangers.

Le Centre pour les droits de l’homme à l’Université de Pretoria tire la sonnette d’alarme : les Sud-Africains sont de plus en plus « insensibilisés » face à cette violence xénophobe qui se banalise. Et ce qui est pire, selon le Centre, c’est que les autorités elles-mêmes semblent considérer que cette violence n’est pas si grave.

Pourtant la vidéo de l’assassinat donne la mesure de l’urgence.