Une invasion de criquets à Madagascar, de cigales aux Etats-Unis

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Une invasion de criquets d’une gravité extrême dévore depuis plusieurs semaines toutes les cultures du sud-ouest de à Madagascar, menaçant les maigres moyens de subsistance d’une population déjà très vulnérable.

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Pourquoi maintenant ? En février, le passage du cyclone Haruna a créé des conditions d’humidité favorables à la prolifération de ces insectes migrateurs. Faute d’avoir enrayé la crise à temps, la population de criquets sur l’île atteint les 500 milliards, selon une récente mission de comptage.

A Sakaraha, à environ 130 km de Tulear, le spectacle décrit par l’AFP est dantesque. Un gigantesque nuage noir surgit à l’horizon. Des millions de criquets formant un essaim de 15 km de long, filent au ras du sol à 20 km à l’heure, en silence entre les voitures et les passants. La scène se reproduit non loin dans le village d’Andiorano où un essaim s’abat sur des plantations de cannes à sucre sous les cris affolés des enfants.

En un jour, jusqu’à 100.000 tonnes de végétation verte peuvent disparaître : riz, pâtures, maïs, canne à sucre, les criquets avalent tout, privant de leurs récoltes une population vivant déjà à 70% sous le seuil de pauvreté. La FAO (une mission pour l’alimentation et l’agriculture associant les autorités malgaches aux Nations unies), dont les experts étaient sur place fin avril, estime que la sécurité alimentaire et nutritionnelle de plus de la moitié des 22 millions de Malgaches est menacée. La FAO compare la situation à celle de 1997, date de la dernière grande invasion acridienne qui avait coûté 60 millions de dollars.

Le gouvernement avait déclaré l’état d’alerte dès novembre, qualifiant l’invasion de « calamité publique ». Mais la majeure partie du budget du centre national anti-acridien part en salaires. Dans le même temps, les fonds internationaux se font attendre. Un nouveau plan vient d’être élaboré par la FAO pour 2013-2016 avec le ministère de l’Agriculture. Ce plan a cependant besoin de 17 millions d’euros d’ici juin et de 31,5 millions d’euros en tout pour pouvoir démarrer en septembre le traitement par voie aérienne des millions d’hectares touchés.

La scène se reproduit non loin dans le village d’Andiorano où un essaim s’abat sur des plantations de cannes à sucre sous les cris affolés des enfants. « Après le passage des criquets il n’y a plus rien à manger pour les femmes et les enfants, les bêtes n’ont plus rien à manger non plus, on souffre beaucoup », raconte Zefa Vilimana, propriétaire d’un champ de cannes à sucre, dont les longues feuilles vertes ont été grignotées de toutes parts.

A cause des criquets, ces cannes à sucres ne seront pas sucrées, donc plus difficiles à vendre.

Plus au sud, à Ranohira, un autre cultivateur, Joseph Rakoto, a perdu la moitié de ses récoltes de riz depuis le passage des essaims. « On achète nous-mêmes des pesticides contre les parasites des rizières mais ce n’est pas efficace contre les criquets. Les autorités ne nous donnent rien (…) je cherche d’autres boulots pour me nourrir maintenant », se plaint-il.

La FAO, dont les experts étaient sur place fin avril, estime que plus de la moitié des 22 millions de Malgaches sont désormais menacés dans leur sécurité alimentaire et nutritionnelle et compare la situation à celle de 1997, date de la dernière grande invasion acridienne qui avait coûté 60 millions de dollars.

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