Les fumeurs de cannabis défendent leur culture

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le-cannabis-social-club-de-royan-est-officiellement-une_347004_536x331pLe Cannabis social club de Royan est officiellement reconnu depuis le 27 avril. Il prône la dépénalisation du cannabis et l’autoproduction. La priorité des membres: susciter le débat.

Cultiver et fumer du cannabis en toute légalité. C’est la volonté d’une vingtaine de Royannais qui viennent de créer un Cannabis social club (CSC). « Notre objectif est de jeter un pavé dans la mare pour faire évoluer les mentalités. C’est un acte de désobéissance civile pour mettre l’État face à ses contradictions », explique le président Samuel Garand, qui prône la dépénalisation du cannabis. Déposés fin mars, les statuts de l’association ont été acceptés par la sous-préfecture de Rochefort le 19 avril et inscrits au journal officiel le 27. Une première victoire pour le CSC de Royan qui s’attend à un long combat administratif et judiciaire. À l’image des procureurs de Tours et de la Roche-sur-Yon, le parquet de La Rochelle pourrait demander la dissolution de l’association. « Nous ferons autant d’appels que nécessaires », lance Samuel Garand, 38 ans. Consommateur de cannabis depuis l’âge de quatorze ans, il ne compte pas baisser les armes avant d’atteindre la cour européenne de justice, dont la législation est plus favorable aux pro-cannabis.

Des fermes de culture collective créée

Pour le moment, le CSC de Royan fonctionne normalement. Des fermes de culture ont été créées. Les premiers plants sont attendus pour le début de l’été. « Le produit de notre culture sera redistribué à parts égales entre tous les membres », souligne le président, qui refuse de préciser où se situent ses lieux de culture. « Nous prenons beaucoup de risques par rapport à la justice et aux petits trafiquants locaux », justifie Nadia, 47 ans, membre du CSC. Les fumeurs craignent que leur matériel ne soit un jour confisqué par la police. Plusieurs milliers d’euros sont en jeu. Sans oublier les dealers qui voient d’un mauvais oeil l’arrivée de ces fumeurs qui prônent l’autoproduction et mettent en danger leur juteux trafic souterrain. « J’ai déjà reçu des menaces », confie Samuel Garand, qui a fait installer trois caméras de surveillance dans son appartement pour protéger sa compagne et sa fille.

Les « fumeurs responsables » du CSC de Royan s’insurgent contre l’hypocrisie de l’État. Selon eux, la politique de prohibition a fait la preuve de son inefficacité. Les ados peuvent se procurer du shit à n’importe quel coin de rue. « Je ne peux pas obliger un fumeur à arrêter mais je peux l’inciter à ne pas fumer de la merde », argumente Samuel Garand, qui veut « ringardiser le pétard » et promouvoir d’autres façons de fumer. La généralisation des vaporisateurs permettrait par exemple de se passer des feuilles et du tabac. Et de supprimer les éléments les plus nocifs du cannabis. « Si mes enfants fument un jour, j’aimerais qu’ils utilisent des produits sains pour ne pas finir en psychiatrie », glisse Nadia, qui veut relancer le débat sur le cannabis thérapeutique. Le CSC de Royan accueille plusieurs malades qui trouvent du réconfort dans le cannabis. Gravement atteinte aux poumons et au coeur, Isabelle fume pour atténuer ses douleurs. « Le cannabis ne me guérit pas mais il me libère pendant quelques heures. Moins je prends de médicaments mieux je me porte », explique-t-elle. C’est pourtant dans la clandestinité qu’elle doit se fournir et fumer. Le CSC s’est donné pour objectif de combattre ce paradoxe.

Installée sur la côte est de l’Australie depuis trois ans, la jeune Angoumoisine Marie-Jeanne* a découvert le paradis des fumeurs de joints. Dans l’état de New South Wales, le cannabis n’est pas légalisé mais toléré. Si les policiers délivrent parfois des amendes, les fumeurs ne sont jamais jugés devant un tribunal tant qu’ils ne détiennent pas plus de 15 grammes de shit. « Ici tout le monde fume dans la rue. Ça n’a pas l’air de déranger grand monde. C’est un sujet qui ne fait absolument pas polémique », explique la jeune Charentaise de 28 ans, qui aime fumer le soir après le travail. Selon elle, plus de la moitié des habitants de la ville fument de l’herbe entre deux sessions de surf. Et chaque année un très sérieux concours du meilleur rouleur de joint est organisé lors du festival Mardigrass à Nimbin ! « Il y a beaucoup d’interdits en Australie mais les gens sont très souples. Par exemple, les mineurs n’ont pas le droit d’acheter et de consommer de l’alcool. Ça ne les empêche pas de faire la fête pendant trois semaines pour springbreack. C’est super relax. Depuis que je suis en Australie je me sens libre ». Une liberté à laquelle elle n’était pas habituée en France où elle devait se cacher pour acheter et consommer de la drogue. « Je pense qu’en France le débat est fermé. Dès qu’on essaye de faire évoluer la société ça tourne à la catastrophe. Regardez le mariage pour tous ».

*Prénom d’emprunt

Aurore, 31 ans, fait partie de ces fumeurs occasionnels et récréatifs. L’Angoumoisine s’autorise deux à trois pétards par mois lors de soirées entre amis. « Pour le côté festif ». Maman d’un garçon de 2 ans, elle ne comprend pas le refus des élus de faire évoluer la législation. « Ne pas tolérer le cannabis c’est limite une atteinte à notre liberté, pense-t-elle. C’est moins dangereux que l’alcool, le tabac, ou certains médicaments. Ça pousse depuis la nuit des temps ». Celle qui travaille dans le secteur de la santé peine à comprendre que ce sujet soit encore tabou alors que la législation a évolué dans de nombreux pays. « Ça n’a aucun sens de faire de la répression pour de la répression. Plus de tolérance permettrait de limiter les trafics et de contrôler la consommation des mineurs ». Selon Aurore, le cannabis ne pose pas problème tant que la consommation est responsable. Il y a quelques années elle cultivait un peu d’herbe pour sa consommation. Aujourd’hui elle se fournit auprès d’amis. « Je préfère ne pas en avoir à disposition pour ne pas être tentée. Quand on a un gamin il faut assumer », explique la jeune maman, qui fume le tabac depuis ses dix-huit ans. « Partout dans le monde la législation s’assouplit. En France, le débat semble fermé. Il faudrait que tout le monde s’assoie autour d’une table. Ça mériterait une réflexion ».

Des sites et des magasins pour devenir cultivateur

[dropshadowbox align= »none » effect= »horizontal-curve-bottom » width= »600px » height= » » background_color= »#f4d290″ border_width= »1″ border_color= »#f92a2a » ] Rien de plus simple que de devenir cultivateur de cannabis. Il suffit de quelques clics pour apprendre les techniques et se renseigner sur le matériel nécessaire. Les sites internet ne manquent pas : cultiverducannabis.com, graine-de-cannabis.org, cannabizzz.com… Pour se procurer le matériel nécessaire, il suffit de se rendre dans un magasin spécialisé dans la culture intérieure. On en trouve un peu partout y compris en périphérie d’Angoulême. Lampes, systèmes d’aération, et même kits d’aéroponie et d’hydroponie… Tout est à portée de main, et en toute légalité. Car comme le précise le vendeur, il s’agit bien de cultiver des « marguerites » ! Disponible pour prodiguer quelques conseils, le commerçant ne prononce jamais le mot cannabis mais on comprend très vite que la majorité de ses clients n’est pas venue chercher du matériel pour faire pousser des tomates ! À l’image de ces deux jeunes hommes qui sont venus mettre à jour leurs connaissances sur les dernières techniques. Heureusement quelques « vrais » jardiniers entretiennent l’illusion.[/dropshadowbox]

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