Ruby a lancé une violente charge contre les médias et la justice, demandant qu’on l’écoute et qu’on la respecte, avant le début d’une audience dans le procès dit du «bunga bunga».
La jeune Marocaine «Ruby», au cœur du procès pour prostitution de mineure et abus de pouvoir à l’encontre de Silvio Berlusconi, s’en est prise jeudi à Milan aux médias et à la justice. Elle les a accusés de l’avoir «instrumentalisée» et a réclamé d’être entendue par les juges.
«Si ceci est le Palais de justice, je veux que justice soit vraiment faite», a lancé Karim El Mahroug, aux journalistes sur les marches du bâtiment. Elle tenait un panneau où l’on pouvait lire: «Je veux me défendre des mensonges et des préjugés».
La jeune Marocaine a critiqué «cette presse qui, pour frapper Silvio Berlusconi, m’a fait du mal (…) ces journalistes qui m’ont fait violence en publiant les écoutes téléphoniques qui me concernaient. Les mêmes personnes qui, en manipulant la vérité, ont fait de moi ce que je ne suis pas: une prostituée», a-t-elle dit, lisant à toute vitesse une déclaration préparée à l’avance.
La jeune femme de 20 ans s’en est également prise aux juges «qui, motivés par des intentions qui ne correspondent pas aux valeurs de la justice, m’ont attribué le qualificatif de prostituée, bien que j’aie toujours nié avoir eu des rapports sexuels tarifés, en particulier avec Silvio Berlusconi».
Une «guerre» contre Berlusconi
Elle a dénoncé la «guerre» menée contre le «Cavaliere», «qui ne me concerne pas, mais dans laquelle je suis impliquée et qui me fait du mal. Je ne veux pas être victime de cette situation, ce n’est pas juste», a-t-elle lancé.
La jeune fille a réclamé par conséquent «d’être entendue par les juges de Milan pour raconter la vérité et empêcher quiconque de m’offenser pour quelque chose que je n’ai pas fait».
Témoignage pas nécessaire
Ruby avait été convoquée en décembre au tribunal de Milan mais elle s’était fait excuser via ses avocats, disant être au Mexique. Elle s’était finalement présentée le 14 janvier, après plusieurs reports d’audiences, mais n’avait pas témoigné après un accord entre le parquet et ses avocats convenant que son audition n’était pas indispensable et que le tribunal pouvait s’appuyer sur les procès-verbaux de ses déclarations aux enquêteurs.
M. Berlusconi est jugé depuis avril 2011 à Milan pour prostitution de mineure et abus de pouvoir: il est accusé d’avoir rémunéré une dizaine de prestations sexuelles de Ruby et de l’avoir fait libérer en exerçant des pressions sur la police qui l’avait interpellée pour un larcin en mai 2010.