Oujda : des eaux usées en terres agricoles

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Navrant constat. Il a suffi de fortes précipitations pour que les eaux usées se diluent dans les eaux pluviales provoquant la colère des habitants des villages Oukacha, Jouadra et Zghamime qui longent le déversoir pluvial de Bouchtate.

Ces eaux saumâtres, aux miasmes putrides ont submergé terres agricoles et réseaux routiers et se déversent au-delà de la frontière algérienne (à proximité de Maghnia, ville située à 24 km de Oujda) ce qui crée de lourdes tensions avec nos voisins. Un problème récurrent à chaque fois qu’il y a des pluies importantes. Un débordement déplorable qui porte préjudice à la qualité de la nappe phréatique avoisinante, à certaines cultures maraîchères, aux conditions sanitaires et d’hygiène de la population à l’élevage et à l’aspect environnemental, expliquent les habitants de ces localités.

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Des contrariétés accentuées par les odeurs dégagées et liquides organiques qui embourbent les parcelles agricoles et recouvrent puits et affluents. Les regards bouchés et les raccordements défectueux d’une canalisation qui n’arrive pas à contenir le débit des eaux usées doivent inciter à plus de vigilance dans l’octroi des marchés pour la réalisation de ces travaux. Des mesures urgentes sont à prendre pour préserver la qualité des eaux souterraines et stopper «l’hémorragie» des eaux usées incontrôlables avant que ce phénomène de pollution ne soit irréversible. Les eaux usées contiennent tous les micro-organismes secrétés avec les matières fécales : bactéries, virus, protozoaires et helminthes. Pourtant les eaux rejetées dans l’oued Bouchtate peuvent être traitées à la station d’épuration au lieu de se perdre dans la nature. «À chaque fois que les pluies sont fortes nous vivons le calvaire à cause des failles dans l’exécution des travaux de canalisation des eaux usées et pluviales», expliquent à l’unisson un groupe d’habitants du village Jouadra. De son coté Ahmed Mehdaoui, agriculteur et éleveur, riverain de l’Oued Bouchtate déclare que sur un total de 100 brebis, il a perdu une trentaine à cause de la pollution des eaux et des herbes qu’elles broutent. Son de cloche différent chez Mohamed Belghiri du Douar Zramime qui soulève un autre problème en évoquant les odeurs des eaux usées et la nuisance des insectes qui les envahissent tout au long de l’année. Les responsables de la Régie autonome intercommunale de distribution d’eau et d’électricité d’Oujda (RADEEO) tiennent un tout autre discours: l’eau transvidée dans l’oued Bouchtate est une eau pluviale. Mais il est possible que l’eau pluviale, en cas de fort débit, entraîne avec elle des eaux usées. Cela ne représente que 10 % de la totalité des eaux déférées. D’autant plus que c’est un phénomène courant avec les canalisations unitaires et déversoirs de ce genre.

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«Concernant le cas évoqué, la Radeeo a dépêché un camion hydrocureur qui a fait le curage des regards et canaux bouchés», précise Radoine Hsini, Chef de division ingénierie et investissement à la Régie. Et d’ajouter «ces problèmes sont dus aux rejets de certains résidus industriels et d’abattoirs ainsi qu’à quelques actions de vandalisme qui détériorent les infrastructures». La réalisation du déversoir d’orage en question a nécessité 67 millions de DH. De même le programme prioritaire d’assainissement liquide et protection de la ville d’Oujda contre le risque d’inondations a été réalisé pour un coût global de 550 millions DH. Une mise à niveau renforcée par l’extension du réseau d’assainissement et la réalisation de plusieurs collecteurs et stations de pompage et renouvellement, d’une dizaine de bassins de rétention, d’intercepteurs ainsi qu’un délesteur (long de 10 km). Des efforts qui, en principe, devraient assurer une protection optimisée d’Oujda contre ce type de débordement. De plus, Oujda est équipée de la première station d’épuration à lagunage aéré à l’échelle nationale. Une Step qui s’étale sur 60 ha et qui a nécessité 255 millions de DH. La capacité de traitement de cette Step avoisine les 40.000 m3 par jour. La technologie utilisée est le lagunage aéré suivi d’un traitement tertiaire. Tout ce qu’il y’a de mieux sur le plan national. L’objectif du traitement est de réduire la pollution engendrée par les eaux usées et la réutilisation des eaux clarifiées en agriculture. De fait des projets sont en cours et initiées par la Division provinciale d’agriculture DPA pour l’irrigation de 1.480 ha à partir de cette Step. Deux cultures au programme l’olivier et plantes fourragères avec 241 millions de DH comme investissement provisoire. L’évaluation des paramètres physico-chimiques de cette station situe ces eaux usées dans la tranche de concentration élevée, explique une étude réalisée par la Société royale des sciences de Liège. De plus ces eaux obéissent à un contrôle permanent et ne sont pas traitées par des produits chimiques. Par conséquent la qualité des effluents produits les rend aptes à une réutilisation pour l’irrigation agricole.

 

 

 


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