La première Femen de Tunisie «va bien»

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Amina a suscité la polémique en postant des photos d’elle seins nus, sur Facebook. Mais aussi l’inquiétude, en ne donnant plus de nouvelles pendant une semaine.

Amina «va bien». C’est en tout cas ce que la lycéenne de 19 ans, première Tunisienne à avoir osé poser façon Femen, a assuré à son avocate Bochra Bel Haj Hamida, qui a finalement réussi à lui parler par téléphone, dimanche. «J’ai beaucoup insisté pour savoir si elle allait mal, elle m’a dit que non», rapporte cette militante féministe, figure de l’Association tunisienne des femmes démocrates.

Voilà une semaine que l’adolescente était aux abonnés absents, laissant cours aux rumeurs: les Femen France, avec qui la jeune femme avait noué quelques contacts depuis fin février, avaient sonné l’alerte. L’ONG ukrainienne craignait qu’Amina n’ait été internée de force en hôpital psychiatrique par sa famille. «Ce n’est en aucun cas le cas», met au point Bochra Bel Haj Hamida. Amina se trouve chez elle, avec ses proches, et doit bientôt retourner en cours.

Début mars, la jeune femme avait posté sur Facebook des photos d’elle, seins nus. «Mon corps m’appartient, il n’est l’honneur de personne», avait-elle peint, en arabe, sur sa poitrine. «Fuck your morals», écrivait-elle sur une autre photo. Quelques jours plus tard, sur le plateau télé de l’émission Labes, elle avait revendiqué son geste, expliquant: «Nous les Femen, nous avons le courage de crier fort nos revendications pour libérer la femme».

Elle s’est attirée une volée de bois vert, des critiques -y compris parmi les laïques-, et même des menaces. Le prédicateur islamiste Adel Almi, un habitué des coups d’éclat, a appelé à fouetter, voire lapider (ce qu’il a plus tard contesté) la jeune femme. Sur Facebook, les pages pro-islamistes s’en sont donné à cœur joie contre elle, entre promesses de mort, insultes et blagues. L’une des pages des Femen Tunisie a été piratée. Enfin, une femme, qui se présentait comme sa tante, a posté une longue et virulente vidéo, décrivant Amina comme une «psychopathe». En revanche, aucune poursuite n’a, à ce jour, été engagée contre Amina, dont le geste peut tomber sous le coup de l’«atteinte aux bonnes moeurs», délit passible de six mois de prison.

De leur côté, les Femen France ont lancé une campagne de mobilisation internationale. De nombreuses femmes, quelques hommes, et une poignée de Tunisiens et Tunisiennes, ont à leur tour posté des clichés de leur poitrail sur le réseau social. Un blog FreeAmina a été lancé, et une journée de solidarité est toujours au programme, le 4 avril. Car les Femen n’entendent pas désarmer: «Nous n’entendons toujours pas la voix d’Amina, et nous ne voyons toujours pas son visage. Jusqu’a ce que le contraire se produise, nous ne lâcherons rien, nous continuerons à la chercher.» Sur le site Tunisia Live, Bochra Bel Haj Hamida a, elle, appelé à la «laisser en paix».

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