C’est inédit. Hier, le tribunal de première instance de Nador a condamné un Marocain à un an de prison pour avoir jeté des pierres sur un poste de la police espagnole à Melilla. L’accusé, qui devra, également, payer une amende de 1200 dh, n’est autre que Said Chramti, le vice-président du Comité de libération de Sebta et Melilla (CLSM). La presse espagnole l’a souvent présenté comme un « agitateur » ou un « agent » des services secrets marocains. En décembre, après une période d’absence, il est apparu à côté de son mentor, le sénateur Yahya Yahya, le président du CLSM, sur une photo à côté du mausolée Mohammed V à Rabat, portant le bras de la statue d’un militaire espagnol, Pedro de Estopiñán, entré avec ses troupes à Melilla en 1497.
Pour mémoire, Said Charmti, en compagnie de quelques activistes du CLSM, a donné du fil à retordre à la sûreté du voisin du nord, en organisant des « expéditions » sur certains ilots sous occupation espagnole, tels Perejil, Vélez de la Gomera et les iles Chafarinas. La succession de ces « incursions » a incité le gouvernement de droite dirigé par Mariano Rajoy à demander aux autorités marocaines de protéger ces parcelles de terres en Méditerranée lors de la visite, le 22 novembre, du ministre de la Défense, Pedro Morenés, à Rabat.
Le verdict affiché sur le poste frontière de Melilla
Justement, deux jours avant ce déplacement, Chramti a été arrêté, pendant 24 heures, par la police de Nador et interrogé sur sa participation, le 27 octobre dernier, à une manifestation devant le poste frontière de Melilla et au cours de laquelle, il y a eu jet de pierres.
Outre la condamnation de Said Chramti a un an de prison ferme, cinq autres membre du Comité de libération de Sebta et Melilla ont écopé chacun d’eux à de deux mois de prison et à payer des amendes de 500 dh. La défense a décidé d’interjeter l’appel. La date du procès sera fixée prochainement. Des sources à Nador se demandent si ce verdict n’aurait pas un lien avec la visite, prévue au printemps, du roi Juan Carlos au Maroc. La cour a exigé que ce verdict soit affiché sur le poste frontière de Melilla.